Il ne put s’empêcher de renifler lorsqu’il voyait ce qu’il se passait autour de lui. Tout était mort sur cette terre désolée. La vie semblait avoir quitté cet endroit qui semblait fade, sans couleur comparé à certains paysages qu’il avait pu voir dans ce monde. Tout était désertique à l’exception de cet arbre immense aux étranges fruits qui pendaient dans une matière blanchâtre. Ryuu ne savait pas ce que c’était,mais c’était la seule chose récurrente qu’il pouvait trouver à travers son voyage. Un arbre immense d’une couleur étrange par rapport aux autres dont les branches semblaient indomptables tant elles prenaient de la place dans les villages. Le jeune homme marchait à travers ce champ de ruine où il pouvait voir des membres ensanglantés planter dans le sol. Ryuu ne sut pas quoi en penser de voir des bras et des mains sur le sol, arrachés du corps de leur propriétaire. Il se posa un tas de questions concernant cet endroit, se demandant ce qui avait bien pu se passer au pied de cet arbre gigantesque qui semblait si menaçant à ses yeux. Que s’est-il passé ? Une guerre a dû s’abattre par ici , mais pour quelle raison, tout est désolé, pensa Ryuu en touchant l’arbre. Il ne comprit pas vraiment ce qu’il ressentit au moment où sa main se posa sur l’étrange écorce de l’arbre, mais Ryuu se sentit nauséeux. Sa tête lui tourna tant il lui semblait que quelque chose tourbillonnait à l’intérieur de l’écorce. On dirait que l’arbre draine toute vie autour de lui pour se nourrir, pensa Ryuu en retirant sa main afin de ne plus sentir cette sensation qui le rendait malade. Ses yeux verts vinrent fixer le tas de ruines qui se trouvait face à lui, se demandant si c’était cet arbre qui avait tout provoqué. Ce n’était pas complètement idiot, peut-être que cet arbre a été l’enjeu de cette guerre, mais alors pourquoi tout était désolé à des kilomètres à la ronde. Pourquoi cet arbre particulier alors qu’il poussait dans n’importe quelle contrée, n’importe quel village.  Etrange, très étrange, se dit-il tandis qu’il plissait les yeux avant de se remettre en marche loin de cet arbre menaçant qui lui donnait une sensation de vouloir le mettre en cage et lui inspirer la vie à petit feu.

Cela faisait à peine quelque mois qu’il était sorti de sa cage, et Ryuu ne comprenait pas vraiment ce qui se passait dans ce monde. Tout semblait mort, terne comme ce champ de bataille qui semblait s’étendre à perte de vue sous les nuages gris et noirs qui ne laissaient échapper que par moment un rayon de soleil. Un vent froid vint emmêler ses mèches blondes avant d’écarter les nuages pour laisser passer la lumière de l’astre qui lui avait tant manqué au sein de sa cage. Toute sa vie avait été ainsi, affamé, enfermé, battu, violenté par ses entraîneurs afin de le rendre plus fort, plus puissant que jamais. Pas une seule fois, il n’avait pu sentir la douce caresse du vent, la chaleur du soleil qui réchauffait sa peau, le calme intime de la nuit alors qu’il était là-bas. Au sein de l’organisation, il n’était qu’un vulgaire animal dont on devait s’occuper pour le maintenir en vie. Il était insignifiant, remplaçable. Ryuu savait que dans sa cage, la mort pourrait venir de nulle part. Un soupir quitta ses lèvres tandis qu’il savourait sa liberté quelque peu désillusoire. il n’y avait personne. Comme toujours, il était seul, complètement seul avec juste lui et cet  espoir opiniâtre pour lui tenir compagnie. Il s’était toujours demandé pourquoi sa mère l’avait abandonné, pourquoi son père l’avait vendu aussi facilement comme s’il n’était qu’une barquette de courgette au marché. Depuis toujours, Ryuu n’était que cela. Insignifiant. Sa disparition n’avait rien fait au sein de son village. Il n’était qu’une vulgaire marchandise, un vulgaire légume, un vulgaire animal pour tout le monde qu’il ait pu croiser. Ryuu ne se souvenait pas vraiment de sa mère, à part qu’elle avait les yeux verts comme son père, tout lui était flou, bien trop vague.

L’amère réalité l’avait frappé en plein fouet lorsque Ryuu était parvenu à s’enfuir en voyant que personne ne l’avait attendu, que tout le monde l’avait oublié comme s’il n’était qu’un grain de poussière dans une tornade. Plus personne n’était là , personne ne l’attendait. Je suis insignifiant, ma vie ne vaut guère plus que ce fruit blanchâtre de l’arbre, un truc qui n’attend que de pourrir, pensa-t-il amèrement en regardant tout autour de lui avant de se stopper net tant sa curiosité grandit. Quelque chose brillait à la lumière du soleil à travers des rochers étroits d’une paroi escarpée. Ses yeux comme envoûtés par cette brillance qui se découpait, n'arrivaient pas à s’en détacher. Comme hypnotisé, ses jambes se mirent en mouvement tandis que son esprit se vidait instantanément. Momentanément, Ryuu oublia complètement son mal-être, car tout ce qu’il désirait , c’était cette chose qui brillait intensément. Il oublia sa solitude au profit de cette chose qu’il brillait. Bien vite, Ryuu se retrouva devant , observant la roche avec minutie avant de tendre la main pour saisir l’objet qui brillait. C’est peut-être quelque chose de précieux, pensa Ryuu en se concentrant en vain sur sa tâche.

Son bras était bien trop court pour le saisir alors Ryuu se mit sur la pointe de ses pieds, enfouissant sa tête dans l’étroit passage pour parvenir à ses fins. Le jeune homme saisit l’objet de sa main la plus forte. Au moment où sa main gauche se resserra autour de l’objet en question, Ryuu se sentit dans une désagréable position. Le jeune homme tenta de gesticuler afin de s’extirper mais il n’a eu que pour effet de se coincer encore plus dans le passage étroit. Génial, je me suis encore coincé la tête dans un endroit étrange, pensa-t-il en pinçant ses lèvres. Ryuu sentit son bras s’engourdir mais refusa tout de même de relâcher l’objet, même si c’était la solution à faire. Gesticulant de plus belle, tout en refusant de céder à la panique, le jeune homme se sentit de plus en plus étroit. Il commença à s'essouffler en sentant l’air se faire de plus en plus rare dans ses poumons. Son coeur commença à battre la chamade tandis que son cerveau commença à tourner , mais refusa de lâcher une sorte de bague sertie d’une pierre brillante. Super, j’ai encore gagné un ticket gratuit pour l’inconscience, s’enquit-il intérieurement. Il commençait à perdre espoir dans sa quête pour se libérer avec la bague dans ses doigts lorsqu’il entendit des pas s’approcher. Des pas ici ? Quelqu’un est là, pensa-t-il étonné et surpris alors qu’il se pensait être seul au monde.

-Hey ! Aidez-moi, je me suis coincé ! S’exclama Ryuu paniqué tout en gesticulant de plus belle.

Non, je ne lâcherais pas la bague, pensa-t-il. Ryuu soupira et décida d’utiliser son bras valide en sentant que l’homme ne tentait absolument pas de l’aider mais semblait l’admirer, jubiler devant un tel état de faiblesse. Il prit appui sur son autre main qui se trouvait à l’extérieur et sur une de ses jambes et s’extirpa avec difficulté de la paroi rocheuse. Il perdit l'équilibre en sortant avec force et tomba avec rudesse sur ses fesses. La bague dans la paume de sa main, il se mit à observer autour de lui, complètement perdu. Ses yeux verts virent un homme aux cheveux rouge, à la peau étrange. Il fixait l’homme avec curiosité, gravant dans sa mémoire chaque détail de l’individu. Ryuu ne le connaissait pas mais quelque chose lui semblait familier dans la manière du manteau qui se mouvait au gré du vent. Décidant de voir cela pour plus tard, Ryuu vint regarder la bague où jadis une pierre brillait dessus. Il ne restait plus que l’anneau argenté dans sa paume calleuse. Un soupir quitta ses lèvres avant de se tourner vers l’homme.

-Tu crois que ça vaut quelque chose ? Demanda-t-il en lui montrant l’anneau entre ses doigts tout en se relevant avec difficulté.

Ryuu fixait l’anneau dans sa main un peu déçu en écoutant l’homme parler de ce monde où l’humanité s’était éteinte. Eteinte ? Vraiment ? Pensa Ryuu étonné. Il pencha la tête sur le côté comme un chiot qui ne comprenait pas ce qui se passait. Pourquoi cet homme lui parlait d’humanité éteinte ? Certes, Ryuu n’avait pas croisé grand monde, en réalité, il n'avait croisé qu’une seule personne dans ce monde hormis l’homme qui se trouvait devant lui. Un homme des plus étranges au teint blafard bien qu’il ait sans doute passé plus de temps que lui à l’air libre. Un détail vint le troubler en remarquant les habits de cet homme étrange. Son manteau lui était vaguement familier, une impression de l’avoir vu alors qu’il était très petit. Le motif de nuage rouge sur un manteau noir lui rappelait un homme que sa mère avait dit qu’il était son père. Un mensonge ? Il n’en savait rien. Sa mère l’avait délaissée sans un mot. Il ne se rappelait pas grand-chose d’elle et encore moins de “son père” qui avait rejoint un marché où il l’avait vendu, pour ensuite être revendu à l’organisation qui l’avait en quelque sorte élevé. Bien que le mot élevé était sans aucun doute un euphémisme pour ce qui était de son éducation. Certes, il savait lire, écrire, parler, compter et surtout se battre. C’était à peu près tout. Pourtant, il avait des savoirs qu’on pouvait découvrir à travers des épreuves difficiles qu’on apprend à la dure. Ryuu ne savait pas les expliquer les multiples calculs pour lancer un shuriken droit, ne savait pas grand chose en réalité.

Le jeune homme savait que les gens pouvaient se montrer cruels, voire inhumains pour atteindre leurs buts, leurs objectifs. Ils étaient capables de tuer, d’affamer des pauvres enfants au nom de la science, au nom de leurs causes. Ils étaient capables de détruire une vie, de la prendre sans aucun remord pour parvenir à leurs fins. Ryuu n’avait jamais aimé ce genre de type, car il avait vécu au sein d’eux, connaissait leurs stratagèmes mieux que personne. Pour l’instant, à sa connaissance, il était le seul à être sorti vivant de cette organisation. Il y a que deux options pour sortir de Kara : Les pieds devant ou faire partie de l’élite. Quand il pensait à l'élite, il pensait aux chefs ou leurs subordonnées directes qui partaient ameuter toujours plus d’enfants pour leurs expériences. Ou plutôt, selon Ryuu , un jeu macabre où ils se délectent de leurs souffrances, se fichant de leurs morts. Ils n’étaient qu’après tout des enfants abandonnés, ceux que personne ne désirait, que personne n’allait chercher, poster des affiches de disparition. Konoha, le village où Ryuu avait vu le jour, ne l'avait pas cherché, n’avait sans doute pas fait état de sa disparition parce qu’après tout sa mère l’avait emmené avec elle. Sans doute, sa disparition n’avait fait aucun remous même au sein de sa famille. Sa mère, une marchande d’après ce qu’il pensait ainsi que son supposé père puisqu’il l’avait vendu car ils étaient modestes. Cela doit être ça, mes parents étaient des marchands pauvres qui m’ont vendu pour vivre, pensa Ryuu tandis qu’un souvenir fugace revint s’insinuer dans sa mère.

C’était flou et brumeux mais il se souvint d’un corps et du sang qui coulait abondamment. Ryuu ne savait pas qui était ce corps abandonné sur un sol boueux tandis qu’on devait le tirer pour l’emmener loin de ce corps. Il avait oublié cette journée, mais le jeune homme se souvint qu’il était resté avec son supposé père au manteau noir bordé de nuages rouges. Le même que cet homme portait. Détournant son regard vers la bague, Ryuu remarqua que le saphir avait disparu de l’anneau à cause de son dégagement. Oh non, pensa Ryuu déçu avant de regarder autour de lui, les yeux écarquillés par la panique. Il remarqua le saphir dans la partie paroi rocheuse qui semblait le narguer. Sans réfléchir , comme hypnotiser par l’objet qui brille. Ses jambes cédèrent à la tentation, l’entraînant malgré sa volonté vers la pierre. De là, Ryuu pouvait l’atteindre avec difficulté. Le jeune homme se hissa sur la pointe de ses pieds , allongeant son bras gauche afin de toujours garder un contact avec l’homme. Ses doigts saisirent la petite pierre dure dans la paroi rocheuse et Ryuu eut une exclamation de joie avant de vouloir retirer son bras, la pierre bien au chaud dans son poing. En vain, c’était maintenant son bras qui était coincé à cause de son épaule. Il eut un soupire et poussa, refusant de lâcher la pierre.

-Pourquoi dites-vous que l’humanité est éteinte ? Il y a pas longtemps, j’ai croisé un homme aux yeux étranges, et à la coupe de cheveux incertaine. Très étrange cet homme ! Je crois qu’il s’appelait Mandarin, Mandarine…un truc comme ça, je ne me souviens plus très bien, déclara Ryuu qui cherchait le mot tout en essayant de se décoincer.

Ce qu’il réussit plus ou moins avec succès en poussant très fort vers l’extérieur, faisant ébouler de la roche sur sa tête. Il siffla de douleur mais ne dit rien avant de regarder l’homme qui lui posa une question étrange à propos de Genjutsu. Ryuu grimaça, ne sachant quoi dire car il ne comprenait vraiment pas.

-Euh, c’est quoi un genjutsu ? Demanda Ryuu en se grattant le menton, complètement perdu. C’est un jeu de dé ? Je ne comprends pas. Tout ce que je sais, c’est qu’il y a quelques mois, j’étais enfermé dans une cage, dans un repère hautement secret, ajouta le jeune homme incertain de ses dires avant de brandir la petite pierre.

Ryuu sourit devant le joyau, le trouvant magnifique et tente en vain de remettre celle-ci sur l’anneau avant de souffler.

-Tu as un truc qui peut les coller, genre des chewing-gum ? Demanda Ryuu perplexe. Au fait, comment tu t’appelles ? Moi, c’est Ryuu ! S’exclama-t-il joyeusement.

Fais attention, entendit Ryuu en son for intérieur.

C’était une voix sombre et obscure qui semblait sortir de nulle part dans sa tête. Une voix qui sifflait souvent au loin, comme un écho. Une brise orageuse qui lui rappelait souvent de se mettre sur la défensive lors des combats dans l’organisation. Il avait entendu cette voix aussi longtemps qu’il pouvait s'en souvenir. Le jeune homme avait pris l’habitude d’écouter cette voix qui l’avait sauvé plusieurs fois d’une mort certaine. Discrètement , Ryuu se plaçait d’une manière défensive sans se faire voir, prêt à attaquer au moindre faux pas avec son épée. Cependant, Ryuu savait qu’il ne devait pas le montrer clairement face à un adversaire qu’il ne connaissait pas. Le jeune homme était ignorant de bien des choses mais il savait que c’était inconscient de ne pas écouter cette voix qui lui ordonnait de faire attention, et de montrer un état défensif. Ryuu ne connaissait rien dans tout ce qui était scientifique , ou même de la diplomatie, mais une chose est sûre, Ryuu savait se battre. Peut-être qu’il n’était pas aussi fort qu’un ninja, mais il savait complètement se défendre aisément avec son épée. Il n’était pas mal au corps à corps non plus. L’homme à la chevelure rouge vint s'approcher de lui, les bras ballant et son corps s’est intérieurement mis en alarme. Ce n’était pas que l’homme était menaçant mais son corps avait une mémoire sur ce qu’il avait ressenti lors de l’expérience, lors de son éducation où il avait été tabassé. Un geste trop brusque face à lui, le mettait sur le qui-vive. Le jeune homme blond attendait le prochain mouvement qui ne venait pas.

Espèce de crétin, reste en alerte, s’enquit cette voix sombre dans sa tête, résonnant à travers son âme.

C’était comme si elle ne faisait qu’un avec son corps et son esprit. C’était comme un voisin de sa propre pensée. Une âme insérée au fond de lui. Enfin, Ryuu ne savait pas vraiment ce que cela était mais c’était comme une identité parasite dans son cerveau, c’était en tout cas ce que Jigen lui avait expliqué. Un Otsutsuki. C’était ce que Jigen lui avait dit mais Ryuu préférait ne pas prêter attention à tout cela, se contentant d’acquiescer et d’obéir sinon, cette voix sombre n’allait pas arrêter de l’insulter de tous les gros mots qui peuvent exister dans ce monde, et même ceux qui ne devaient pas encore exister à ce moment.

-Madara, c’est ça ! S’exclama Ryuu en claquant des mains. Tu le connais toi aussi ? C’est une célébrité par ici, à ce que je vois, renchérit-il enjoué malgré sa fausse position détendue.

D' un point de vue extérieur, les personnes pouvaient croire que Ryuu était la personne la plus détendue des deux, c’était une grave erreur. Il était prêt à dégainer son épée cassée de son fourreau, prêt à attraper sa poignée en forme de dragon pour lancer une attaque sur cet homme au moindre écart, mais il ne le montra pas. Un sourire aux lèvres, des yeux grands ouverts mais qui captent le moindre mouvement suspect de cet homme nommé Hiruko. Il pencha la tête avant d’étirer son sourire. Peut-être qu’en fin de compte, cet homme ne voulait pas lancer d’attaque mais dans le doute, il préférait rester dans un état d’alerte. C’était ce que Jigen lui avait dit.

“En cas de doute, prépare toujours une riposte ou sinon….” Ensuite, le jeune homme aux cheveux blonds ne se souvenait pas vraiment. Il avait pris un sale coup et était tombé inconscient pendant plusieurs jours. Cela lui avait suffi à comprendre les dires de son précepteur. De plus, il y avait quelque chose d’étrange en cet homme, sans parler de son manteau qui était celui de son père. Il pencha à nouveau la tête, fixant l’homme de ses yeux émeraude. Etrangement, son prénom faisait sonner une clochette d’alarme qu’il tente par-dessus tout de l’éteindre. Ryuu ne voyait pas pourquoi cet homme lui mentirait sur son prénom mais il y avait quelque chose d’étrange dans son intonation. C’était comme si Hiruko était un ami cher plutôt que son prénom, mais ce n’était que son impression à cause de sa position défensive qui lui disait de se méfier. Relâchant quelques nerfs dans son dos, il se mit à sourire.

-T’es sûr que tu t’appelles Hiruko ? Tu as plus une tête à t’appeler Kugutsu ou Hiroto mais bon, les parents ont parfois de drôles de goûts, enchanté en tout cas, sourit Ryuu en lui adressant un signe de la main, montrant son kama avant de la redescendre.

La proposition de cet Hiruko le fit tiquer à nouveau. Il n’était pas un bleu, il voulait voler son trésor qu’il avait du mal à sortir de cette paroi rocheuse. Il referma encore plus sa main droite sur la bague, la plaçant sur sa poitrine , en fronçant les sourcils. C’est mon trésor, pas le tiens, pensa Ryuu qui était un peu vexé par la proposition.

-Jamais, je te donnerais cette bague, t’as même pas intérêt à la toucher, sinon je l’avale, déclara Ryuu d’un ton plus sombre.

En une fraction de seconde, Ryuu lui offrit un sourire tandis qu’il regardait l’homme qui lui posa un tas de questions. Des questions gênantes pour lui et dont il ne souhaitait pas divulguer ce genre de choses. Après tout, Jigen voulait rester secret et Ryuu allait obéir à cela. Il n’allait pas lui dire tout d’un bloc alors qu’il ne savait pas son nom , il y a à peine une seconde.

-Cela dépend, répond Ryuu pensif, laissant un silence volontaire. Cela dépend de ce que tu veux entendre, renchérit le jeune homme avec un sourire. C’était très dur, oui, ça fait mal même mais tu sais, c’est du passé, je m’en suis remis de tout ça et je m’en suis sorti, donc je n’ai plus à penser à cette organisation ultra secrète, n’est-ce pas ? Ajouta Ryuu d’un ton nonchalant en haussant les épaules avec insouciance.

Il mit ses bras derrière sa tête , le poing toujours fermé pour ne pas perdre la bague, de plus sa main gauche est prête à dégainer. Toujours prévoir, pensa Ryuu avec un sourire.

-Quant à Mandarine, ça dépend par ce que tu entends de loin, parce qu’on était à quelque pas , au fait, on avait la même distance qu’entre toi et moi, répondit Ryuu en levant les yeux au ciel avant d’avoir une idée.

Il regarda la bague et lécha la pierre avant de l’enfoncer à sa place. En vain, la pierre décollait encore et toujours de son endroit. Il eut un soupir.

-J’aurais tout essayé , gémit-il déçu, faisant une moue contrariée.

Ne baisse pas ta garde, cet homme ne me dit rien qui vaille, déclara la voix sombre dans sa tête.

Et Ryuu obéit docilement à cette voix. Il savait qu’il ne pouvait pas s’en débarrasser. Le jeune garçon aux cheveux blonds dorés savait qu’il ne pouvait rien faire contre cette voix qui lui intimait des ordres. Il avait tenté une fois de ne pas lui obéir et tout ce qu’il avait obtenu, c’est plus de blessures sur son corps, plus de douleurs au niveau de la tête. Cet être en lui pouvait le rendre aussi fragile qu’une feuille morte en un claquement de doigt. Ryuu avait appris à lui obéir ne serait-ce que pour s’épargner un peu de douleurs dans sa vie déjà bien pénible. Dans sa cage insalubre, Ryuu mangeait que très rarement un bon repas, voire jamais. C’était souvent des bouts de pain un peu moisis que Jigen lui jetait au visage lorsque celui-ci en avait marre de l’entendre gémir. Il se souvenait même de la crasse qui noircissait ses ongles, des rats qui venaient le mordre et de cette voix intérieure qui le grondait pour être aussi faible. La faiblesse n’était pas permise dans cette organisation, il se devait d’être fort , de ne pas pleurer et de subir les différentes blessures, se faisant maudire par cette voix dans sa tête. Il se souvenait très clairement de ce qui avait amené cette voix, de cette douleur infernale qui avait brûlé ses veines, électrocuté ses nerfs. Tout son corps lui avait fait horriblement mal. Ses muscles s’étaient contractés involontairement tandis que cette substance brûlait tout sur son passage, telle une lave en fusion. Ryuu se souvenait de son cœur qui battait d’une manière anarchique dans sa poitrine, ses poumons se refermant comme des blocs d’acier. Il se souvenait même que sa tête semblait exploser sous cette lave qui brûlait chaque centimètre de son cœur. Lorsque cette substance avait cessé de parcourir son corps, son cœur s’était arrêté soudainement avant de repartir rapidement. En une fraction de battement, tout redevient normal dans son corps comme si ce n’était qu’un mauvais souvenir. Cependant, il gardait des souvenirs d’horreur et des séquelles qui allaient rester pour toute la vie. Sa petite taille devait être due à cette substance. Ou peut-être était-ce génétique, il ne s'en souvient pas. Son premier souvenir après cette substance était d’avoir été le seul debout. Les autres enfants étaient au sol, inanimés, leurs yeux regardaient dans le vide, ternes, sans aucune lueur qui bougeait. Il avait été le seul à avoir survécu à cette expérience infernale. Le seul à tenir debout pour une raison qu’il ignorait. Et ce genre de sentiment qu’on ressentait à ce moment-là, c’était le plus terrible d’entre tous. La culpabilité. La culpabilité de rester debout tandis que les autres étaient à terre.

Lorsqu’on pouvait apercevoir Ryuu, tout le monde pouvait penser que c’était un ignare un peu naïf , qui semblait complètement dépassé par tout ce qu’il voyait. Le monde lui semblait très nouveau. Oui, il avait l’air d’un gamin naïf mais pourtant il avait vu, ressenti, vécu des choses complètement inhumaines, qui pourraient briser n’importe quelles êtres humains. Oui, Ryuu était naïf sur certaines choses basiques de la vie, mais c’était normal avec ce qu’il avait vécu. Il découvrait un monde qu’il ne connaissait pas et dont les enjeux lui restaient tout à fait mystérieux. Cependant, Ryuu ne l’était pas, pas complètement en ce qui était de matière de la manipulation, et du combat. Il était plutôt intuitif lorsqu’il voyait de la manipulation car il avait vécu dans ce genre de manipulation. Et là, il avait l’impression de voir une sorte de manipulation. Je ne vais pas te laisser me manipuler, plus maintenant que je suis libre, Kugutsu, pensa Ryuu en le regardant en état d’alerte. Une vive douleur à la tête lui prit mais ne montra rien.

“Non moi c’est Masaaki” tonna la voix sombre et grave dans sa tête.

Ryuu eut un soupire , contenant du mieux qu’il pouvait pour ne pas montrer ceci face à un adversaire.

“Je ne parle pas à toi, mais à lui, l’étrange homme aux cheveux rouges pétants” répondit Ryuu intérieurement.

Le mal de crâne disparut soudainement tandis que Ryuu observait l’homme saisir un espèce de tube étrange avant de le lancer. De sa main gauche, celle qui était la plus habile, il saisit l’objet avec une justesse digne d’un shinobi du rang Jonin avant de le regarder perplexe, ne connaissant pas la substance. C’était de la colle pour coller le saphir sur la bague.

-Ah ça non, jamais. C’est à moi ! Déclara-t-il fermement avant de sourire. Merci pour la colle, ajouta-t-il en se mettant au travail.

Avec adresse, Ryuu se mit à mettre de la colle sur le chaton de bague avant de planter le saphir dedans, tout en douceur, presque religieusement avant de terminer. Complètement concentré, il se renversa du colle sur les doigts de la main droite.

-Oh ! Oh ! S’exclama-t-il en essayant de décoller ses doigts, en vain. On fait quoi quand c’est comme ça ? Demanda-t-il alors qu’il entendit Sasori lui dire de le suivre dès qu’il avait réparé la bague.

Non, pensa Ryuu. Il n’allait pas suivre cet homme qui cherchait quelque chose de lui. Il voulait le manipuler pour un truc qu’il ignorait. De plus, il avait le manteau noir de son père, exactement le même. Ryuu ne voulait pas le suivre à cause de tout cela. La méfiance s’installa rapidement , de plus qu’il voulait continuer ses fouilles sur ce terrain.

-Non, je ne te suivrais pas. La dernière fois que j’ai suivi quelqu’un qui portait ce manteau, c’était mon père et il m’a vendu ! Alors non ! Non ! S’exclama-t-il en secouant la tête, paniqué, reculant d’un pas.

Ryuu était alarmé de le suivre. Il veut me vendre lui aussi, pensa le jeune homme alarmé.

-En plus, il y a plein de choses à découvrir, je crois voir des choses qui brillent dans leurs poches, renchérit Ryuu toujours alarmé.

Ses yeux verts parcouraient sans relâche le champ de bataille à la recherche d’une éventuelle brillance qui pourrait captiver son regard. Il avait admiré la bague, le bleu profond de la pierre en un instant, appréciant les différentes nuances de la pierre avant de la remettre dans son sac avec une main. Heureusement qu’il s’était collé les doigts de la main droite et non celle de la gauche. Ryuu était ce qu’on appelle une fausse patte dans le jargon de l’escrime. Il était gaucher ce qui avait causé un petit problème à Jigen pour lui apprendre certaines techniques qui revenaient de la main droite. Une main maudite, avait-il dit d’un ton mauvais. Etait-elle maudite ? Ryuu n’en savait rien, n’accordant peu d’importance à ce genre de chose. Cela lui était complètement égal . Pour lui, c’était normal de saisir des choses de sa main dominante, d’écrire quelque hiragana avec celle-ci, même cela lui était facile. Beaucoup plus facile que de sa main droite. Il savait utiliser celle-ci en combat, Jigen n’avait laissé aucune place à l’erreur. Si sa main gauche n’était plus, il devait savoir utiliser la droite presque aussi parfaitement. Ryuu ne pouvait écrire de la main droite mais il pouvait parer, se battre avec celle-ci aussi bien qu’avec la gauche.

Tant bien que mal, Ryuu essaya de décoller ses doigts en essayant de les étirer. En vain, ils restaient irrémédiablement collés les uns avec les autres. Un silence étrange parcourut la plaine, coupé par le murmure étrange de la personne qui lui faisait face. Connaissait-il son présumé père ? Sa mère aurait très bien pu lui mentir en cherchant à se débarrasser de lui. Avait-il été une honte ? Telle était la malédiction de Ryuu. Il n’était pas maudit parce qu’il était gaucher mais qu’il était ignare de son propre passé. Un passé mystérieux dont lui-même ne savait rien. Pas même une étincelle. Le premier et seul souvenir fut cette silhouette ensanglantée dont le sang avait même giclé sur lui et de ce manteau noir aux motifs rougeâtres, puis sa mise en vente avant d’atterrir à Kara dans une cage. Il ne se souvenait de rien d'autre à part de ses mauvais souvenirs. Il appelait ça d’un ton ironique, sa période d’insouciance et enfantine, car juste après sa mise en vente, il a dû devenir très vite adulte. Ryuu s’était vu mourir face à la douleur que cette substance lui procurait. Il s'est senti partir lorsque son coeur s’est arrêté de battre avant de repartir de plus belle. Puis, vint la malnutrition, les entraînements qui étaient plus un lycnhage qu’un véritable apprentissage. Ryuu avait perdu le compte des jours et des nuits tant qu’il ne voyait pas le soleil et la lune. Ce genre de choses lui était complètement abstrait. Il savait que cela existait mais ne saurait expliquer une différence claire tant il était trop petit pour se souvenir clairement.

-Oui, Kugutsu, c’est la seule chose que j’ai retenue de mon père à part sa mise en vente dans un étrange marché où beaucoup d’enfants étaient comme moi. Un manteau noir avec des nuages rouges, répondit le jeune homme quelque peu agacé par ce vilain souvenir.

L’amertume de ce souvenir commençait à le guetter, et Ryuu devait arrêter de le penser; C’est ce qu’il fit en s’agenouillant vers un cadavre, le retournant avant de fouiller ses poches. Rien, juste un kunai, qu’il mit dans son sac. Il se retourna pencha la tête, attentif, en captant les mots de Kugutsu parlant d’un gamin qui venait du pays du Feu, et qui avait été vendu par un certain Kakuzu.

-Kakuzu, prononça Ryuu comme pour tester le nom sur sa langue, d’un air dubitatif. Je ne sais pas si je viens du pays du Feu en tout cas. Je sais juste que je viens de Konoha, d’après mon fichier d’identité, ajouta-t-il en retournant un autre cadavre.

Il retint sa respiration en sentant l’odeur étrange qui émanait des corps au sol face au mouvement qu’il venait de faire, épargnant à ses doigts de toucher ne serait-ce qu’un peu le sang séché, enfin, il espérait que les tâches noires soient du sang ou non autre chose.

-Ca schlingue, sérieux ! S’exclama-t-il tout en continuant ses fouilles pour ressortir une bague en argent.

C’était ça de grandir parmi la cruauté, et d’être traité comme un animal durant toute sa vie, on arrivait à relativiser sur certaines choses et même de se ressentir implacable dans la manière d’agir. Cela le touchait au fond de lui, ce pauvre homme ne méritait sans doute pas cela mais en même temps, il avait quelque chose qui brillait et Ryuu adorait les choses qui brillaient comme un soleil ardent. Un soleil qu’il n’avait pas vraiment vu pendant une dizaine d'années, oubliant ses bienfaits et à quoi cela ressemblait. Il écouta Kugutsu d’une oreille, bien trop occupé à fouiller sur le corps à l’odeur nauséabonde.

-Il a dû manger des choux celui-là, pas possible autrement ! Marmonna-t-il entre ses dents, la langue sortie au coin des lèvres sous la concentration avant de se tourner vers l’homme.

Il le fixait, ne sachant pas comment traiter cette information. Ils avaient les mêmes yeux verts, le même amour pour les choses qui brillent. Il aurait dû plaire à son père alors ! Pourquoi l’avait-il vendu ? C’était la question qui le turlupine.

-La belle affaire ! S’enquit-il d’un ton amer en levant les yeux au ciel. Je suppose qu’il ne t’a pas dit la raison de cette vente ? Demanda-t-il sur le même ton avant de continuer à fouiner, se fichant de l’odeur.

 Ryuu continuait à faire ce qu’il faisait, c’est-à-dire, fouiner des cadavres à la recherche d’objets de valeurs qui brillaient comme des soleils sous la lumière de l’astre. Ryuu ne savait pas vraiment pourquoi il aimait les choses qui brillent. Peut-être que cela lui rappelait ce qui lui avait tant manqué pendant toutes ces années. Bon, d’après les dires de Kugutsu, c’était génétique. Au fond de lui, cela le dérangeait d’avoir un point commun avec un présumé père qui l’avait vendu comme s’il n’était qu’un torchon. Il lui parlait de l’humanité et de son plongeon dans une illusion. Une illusion ? Vraiment ? Pensa Ryuu qui était curieux de savoir la raison. Certes, il savait que le monde  pouvait se montrer cruel et violent. Il en était la preuve vivante de cette violence, mais était-ce une raison suffisante pour plonger le monde dans une illusion ? Il se tourna vers lui, tandis qu’il fouillait un énième cadavre pour trouver que des shurikens et des kunais. Il le prit, prétextant que cela pouvait toujours servir. L’homme avec lui semblait faire de même, sans pour autant prendre des choses Etrange mais bon chacun son péché mignon. L’odeur ne semblait pas le déranger même si comme il le disait, cela faisait plusieurs semaines qu’ils étaient en train de se décomposer, tout comme lui, oubliés de tous. Cela le fait doucement sourire de voir cela. Au moins, ils pourraient me comprendre, pensa-t-il tandis qu’il se releva et marcha vers l’arbre étrange.

-Pourquoi l’humanité a été plongée dans une illusion ? Et pourquoi cette guerre ? Demanda Ryuu curieux.

Une envie pressante se fait ressentir au niveau de son bas-ventre, haussant les épaules, Ryuu tourna le dos, faisant face à l’arbre étrange et sinueux aux fruits étranges tandis qu’il défaisait sa braguette.

-Je veux dire, n’est-ce pas inutile et insignifiant pour se battre et finir ainsi ? Renchérit Ryuu tandis qu’il se mit à uriner sur l’arbre, visant un cocon plus bas que les autres pour s’amuser.

Il se fichait bien de faire cela. De plus, ce n’était qu’un fruit étrange qui ne donnait pas envie de goûter. Ryuu haussa les épaules face à l’explication, si son père était ainsi et l’avait vendu, c’était sûrement cela. Personne ne devrait vendre son enfant, lui voler une vie ou même des années d’insouciance pour des choses qui brillent. Même lui, il avait une certaine limite à ne pas dépasser. Il eut un soupire tandis qu’il continuait sa petite affaire avec un sourire.  Il sentait une migraine venir à cause de sa proximité avec l'arbre étrange mais cela ne le décourageait pas du tout de le faire. C'était plutôt drôle de faire cela.

-Nope, je ne me souviens de rien à part des yeux verts, un manteau noir et des nuages rouges et une silhouette sur le sol. Même le nom de mon village, je l’ai vu dans leurs fichiers alors tu penses bien, répondit Ryuu nonchalamment en se concentrant sur son jet vers le cocon.