La nuit était tombée, recouvrant le ciel d’un noir d’encre où l’on pouvait voir briller des étoiles qui se décomptaient par milliers. Elles semblaient si proches les unes des autres à ses yeux mais pourtant Naruto savait qu’elles étaient en réalité très éloignées. Certaines vivaient assez proches d’eux tandis que d’autres vivaient aux confins de l’univers. Avec une sagesse quelque peu enfantine, Naruto arrivait parfois à se représenter Sasuke et lui à travers ces astres. Elles étaient proches, partageaient en réalité la même volonté, les mêmes valeurs mais pourtant leurs manières d’agir, de vivre étaient totalement à l’opposé. Même si Naruto avait aimé regarder les étoiles autour d’un feu de camp sommaire en compagnie de Sasuke, il ne le pouvait tout simplement pas. Il prit un temps pour détailler ce qu’il voyait. Une forêt sombre, dense et lugubre qui se trouvait à la lisière du pays du Feu sans aucun doute, il le voyait grâce à la couleur verdoyante des arbres qui se trouvaient à proximité du feu crépitant. L’air était humide, rafraîchissant l’atmosphère à l’aide d’une petite brise froide. Pourtant, ce n’était pas cette brise qui lui donna des frissons dans tout son corps, car Naruto le savait d’une manière étrange. Il n’était pas réellement là, mais endormi par le Tsukuyomi Infini de Madara. Il ne comprit pas vraiment ce qu’il pouvait bien faire dans cet endroit, mais il avait comme une intuition étrange qu’il avait une mission à effectuer. Une mission très importante. C’était comme un appel d’une personne qui avait besoin de lui. Un cri qui avait dû résonner à travers son être pour le montrer dans cet endroit sordide digne d’une personne en détresse. Un cri de souffrance si reconnaissable qu’il faisait écho à ce qu’il avait toujours hurlé intérieurement depuis son enfance. Un cri silencieux, un S.O.S lancé à la mer dans un espoir vain pour trouver une personne qui saurait l’écouter. Ce cri si silencieux qui renfermait un millier de mots non prononcés par la personne. Un cri qui voulait sortir au grand jour pour démontrer ce qu’il ressentait au fin fond de lui.
C’était puissant, dévastateur et capable de réduire à néant celui qui le poussait. Au fin fond de lui, Naruto savait que cette personne ne pouvait plus rien entendre, comme détaché du monde qui l’entourait. La personne ne pouvait plus rien voir, ni savourer ce qu’était une beauté simple de la nature dans laquelle il se trouvait. Les bruits furtifs des animaux audacieux qui sortaient la nuit afin de pouvoir trouver des victuailles sans qu’un prédateur soit là pour les accueillir au détour d’un buisson, le vent qui faisait danser les arbres dans des mouvements gracieux et fluides malgré leurs énormes poids, voir ce feu qui semblait danser au gré de l’air qui s’engouffrait. Non, elle ne semblait plus rien voir, plus rien entendre, plus comprendre ce qui était en train de se passer autour de lui. Il était comme perdu et implorait son aide. Cette personne ne voulait qu’une chose de lui, se remémorer de ce qu’il est et de ce qu’il a toujours été, mais surtout se reconnecter à la réalité et à se retrouver dans tout ce bazar depuis qu’il était endormi. Naruto gloussa face à l’absurdité de la situation que cette personne lui donnait. Il n’était que le fruit d’un subconscient en détresse mais pourtant il pouvait trouver cela ironique de faire appel à quelqu’un d’inconscient et endormi sous l’effet d’un jutsu puissant pour réveiller quelqu’un de sa propre souffrance interne. Très ironique, même, pensa-t-il en regardant une dernière fois le ciel étoilé avant de se concentrer sur sa tâche.
Naruto ou plutôt son substitut ne savait pas combien de temps, il disposait avant qu’une personne s’approche et faire reprendre “connaissance” à la personne qui semblait dans un état pas possible pour qu’il puisse être là. Cependant, il ne pouvait pas ignorer éternellement les cris silencieux et les suppliques de cette personne. C’était comme un murmure effleurant son oreille, un marmonnement sourd et rempli d’une intonation qui sonnait comme un profond regret. Cette voix grave ne lui était pas inconnue non loin de là mais celle-ci semblait différente. Elle n’avait pas la même dureté, le même ton tranchant et implacable. Elle était douce, demandant une sorte de miséricorde. Une paix temporaire dans son esprit qui semblait de plus en plus se diviser, s’étioler sous une pression accablante qu’on lui imposait. Ses yeux aussi bleu que l’azur des cieux vinrent scruter cette personne qui se trouvait dos à lui. Même dans la pénombre, Naruto reconnut toute de suite cette silhouette et ses cheveux aussi noir qu’une nuit sans lune. Sasuke. Il était là, ne lui accordant aucune attention alors que c’était lui qui l’avait appelé, façonné en quelque sorte pour qu’il puisse répondre à cet appel de S.O.S que Sasuke semblait répéter inlassablement comme un mantra. Naruto, enfin le véritable, lui manquait énormément mais il était bien trop fier pour se l’avouer.
C’était assez horrible de voir Sasuke dans un tel état, son corps qui semblait sous le point d’exploser, ses yeux qui semblaient ne voir que la cruauté de ce monde. La flamme de la vengeance qui brillait dans ses yeux aussi noirs que ses cheveux s’était éteinte pour laisser place à une autre flamme beaucoup moins rassurante. Celle de la folie pure. Elle brillait d’un éclat peu reluisant mais continuait d’augmenter au fil des jours. Au moment même où il voyait son meilleur ami dans un tel état de lutte envers lui-même, envers le monde qu’il comprit ce qu’il devait faire et qui rendrait à son meilleur ami, un nouvel éclat, celui qu’il appréciait sincèrement. Naruto voulait voir son meilleur ami et non ce sosie dépourvu de ses valeurs et perdu contre les problèmes qui s'amoncellent devant lui, sans qu’il ne puisse rien faire. Non, Sasuke est beaucoup de choses mais il n’est pas impuissant, pensa le jeune shinobi aux cheveux blonds.
-Sasuke, murmura Naruto à voix basse.
Il voulait attirer son attention mais d’une manière étrange, sa voix semblait être murmurer comme pour ne pas attirer l’attention sur lui alors qu’il n’était pas réellement là. Il était endormi, rêvant sans doute des ramens à volonté et de tout ce qu’il aurait aimé avoir dans sa vie. Des parents qui l’aiment et qui le soutiennent, l’aidant à gérer le fardeau d’être un jinchuriki, ses amis mais aussi son rêve absolu de devenir Hokage. Sans doute, Naruto rêvait de missions réussies au côté d’un Sasuke qui ne l’avait jamais abandonné au profit d'Orochimaru. Ce Naruto rêvait d’une vie qu’il aurait cent fois méritée alors pourquoi le réveiller ? Pour qu’il puisse sauver le monde ? Mais ne serait-ce pas égoïste qu’il perde ce qu’il méritait au profit de sa vie réelle ? Là, c'était un dilemme qui pouvait rendre fou n’importe quelle personne sensée. Le réveiller d’une vie utopique mais qu’il méritait pour qu’il puisse sauver un monde qui semblait sans espoir ou bien le laisser dormir jusqu’à ce que mort s’ensuive mais qu’il puisse avoir durant un moment, une magnifique vie ? Etrangement, son substitut connaissait la réponse évidente derrière celle-ci. Après tout, c’était son nindo.
-Sasuke ! S’exclama-t-il un peu plus fort au point que Sasuke releva la tête.
Il était toujours dos à lui et Naruto ne bougea pas d’un pouce, attendant que son meilleur ami fasse le premier pas pour se tourner. Après tout, c’était à lui de faire le premier pas vers la raison, vers la guérison. Le jeune blond ne pouvait le forcer à voir une vérité en face, il savait et le connaissait mieux que quiconque. Naruto savait qu’en forçant Sasuke, celui-ci allait se braquer immédiatement et le repousser au fin fond de son esprit qui luttait vainement contre cette petite étincelle. Cependant, Naruto était déterminé et n’allait reculer devant rien pour sauver son meilleur ami de cette lueur malsaine qu’Obito avait fait naître dans son esprit. Il allait aider Sasuke, c’était sa mission, c’était ce qu’il devait faire pour que son meilleur ami aille mieux, pour qu’ils aillent mieux tous les deux.
un lieu à la lisière du pays du feu.
la nuit était tombée, recouvrant le ciel d’un noir d’encre où l’on pouvait voir briller des étoiles qui se décomptaient par milliers. elles semblaient si éloignées les unes des autres à ses yeux, mais pourtant sasuke savait qu’elles étaient en réalité très proches. certaines vivaient aux confins de l’univers tandis que d’autres vivaient assez proches d’eux. elles étaient proches, partageaient en réalité la même volonté, les mêmes valeurs, mais pourtant leurs manières d’agir, de vivre étaient totalement à l’opposé. avec un profond désintérêt, sasuke chassa toute représentation au travers de ces astres. il en avait après la lune qui avait retenu naruto en un sommeil profond et le menait vers une solitude encore plus grande, dont sasuke se savait l’entier responsable.
le feu crépitait. les flammes se mêlaient aux rondins de bois. elles semblaient vouloir faire oublier la fraîcheur de la brise. celle-là attisait le feu qui portait la grandeur des flammes, et projetait des ombres dansantes à la pâleur de son teint. la lueur de celles-ci accentuait les traits préoccupés de sasuke, créant un contraste entre la chaleur du feu et la froideur de sa détresse émotionnelle.
pourquoi mes yeux n’arrivent-ils pas à voir au-delà du rêve ?
pourquoi ne m’ont ils pas tués ?
où est le vrai moi-même ?
pourquoi est-ce que mes pensées semblent de plus en plus confuses et désordonnées ?
sasuke s'était aventuré seul dans cette forêt lugubre, cherchant des réponses à ses questions les plus profondes. les ombres des arbres enveloppaient le paysage d'une obscurité oppressante. il avait allumé un feu de camp pour se réchauffer et croyant que cela allait éclairer son chemin, mais maintenant, les flammes dansaient de manière chaotique, projetant des ombres effrayantes sur l’ensemble de son corps délicat et chétif. les murmures du vent à travers les branches semblaient se transformer en voix familières, en échos déformés de ses souvenirs. les souvenirs tourbillonnaient dans son esprit comme des fantômes, et il lutta pour les saisir. il ne savait plus où il était, ni pourquoi il était là. la folie semblait l'entourer, menaçant de le brûler.
son genoux claqua contre l’herbe. ses mains tremblaient tandis qu'il essayait de reprendre le contrôle de sa propre réalité. sa tignasse effilée s’agita de droite à gauche, les yeux écarquillés, cherchant désespérément une lueur de clarté dans le tourbillon de confusion qui l'envahissait. le feu de camp crépitait toujours, sa narine se plissa et son visage se marqua par la souffrance. il était seul, perdu dans l'obscurité de sa propre psyché, se demandant si jamais il trouverait la paix ou la vérité qu'il avait tant recherchée. la panique le saisit alors qu'il se demandait s'il était en train de sombrer dans une folie inévitable, incapable de distinguer le rêve de la réalité.
il perdait pied. c’était plus qu’évident, maintenant. il s’éloignait de tout ce qui avait de l’importance pour lui. il s’était vu faire souffrir ses proches autant que ceux qui comptaient réellement pour lui. désormais, il refusait qu’on lui adresse la parole, sauf pour obtenir les informations les plus importantes. il calculait chacun de ses mots, chacun de ses gestes, chacune de ses pensées. entre ses dents, un exhale s’échappa. il réalisait, aussi vulnérable qu’une étoile se détachant du ciel pour apparaître filante, à quel point il se trouvait seul dans cette démence qui le remplie de haine et de noirceur. une étoile qui tombait était une étoile mourante. sasuke était abandonné. il savait qu’il l’avait rejeté et blessé, mais il était perdu, sans lui, car il est la seule lumière qui puisse percer les ombres qui l’étouffent. il le voulait. il le voulait pour qu’il l’aide à retrouver la voie de la rédemption, se libérer de l’emprise d’obito, et ramener un peu de clarté dans son coeur obscurci. des larmes chaudes perlaient à la commissure de ses yeux vairons dessinés en amande. il restait assis à côté du feu, sage, comme un enfant attendant quelque peu de bienveillance. s’en suivis des exhales plus fréquents. il n’était plus l’enfant qu’il avait pu être. il abandonna son regard pour les étoiles, avant de se convaincre qu’il n’aimait tout simplement plus regarder les étoiles. ses poings étaient serrés, et ses yeux vides reflétaient les ombres noires des flammes.
il eut un moment d’absence qui lui sembla une éternité.
il serra les poings encore plus fort, ses ongles s'enfonçant dans la paume de ses mains. la tentation de frapper quelque chose, n'importe quoi, était presque irrésistible. il cherchait à se raccrocher à la réalité d’une manière ou d’une autre, mais il ne le pouvait tout simplement pas, et il le savait.
un hurlement de désespoir dans la nuit émana cruellement de sa voix rauque et chaude.
une déflagration de rage qu’il ne sût pas réprimé, tel un loup, il hurla encore, le haut de son corps basculant entièrement pour l’avant.
ses yeux fleuris s’écarquillèrent. un frisson s’empara de son échine. le jeune brun se soumit au silence de sa présence, résolument docile.
naruto.
pourquoi fallait-il que cela soit toi, que ma conscience hurle, à la profondeur de mes ténèbres ?
— sors de ma tête, murmura sasuke à voix basse.
des gamins esseulés et en manque d’amour.
c’était ça, ce que nous étions, lui et moi.
nous nous trouvions à l’intérieur de ma conscience. c'était un tableau de désespoir pur, une descente aux enfers de mon âme qui aurait pu faire frissonner même le plus insensible des observateurs. à l'intérieur de ma conscience, c'était un brasier de tourments et d'angoisses. tout était sombre, une obscurité épaisse et étouffante qui semblait vouloir me submerger tout entier. mes pensées étaient comme des yokaï hurlants, se tordant et se contorsionnant dans les coins égarés de mon esprit. les flammes de l'amaterasu brûlaient en moi, un feu intérieur qui dévorait raison et paix intérieure. c'était une déflagration sans fin, une rage volcanique incontrôlable qui menaçait de tout consumer. chaque crépitement de ces flammes était comme un rappel constant de mes erreurs passées, de mes choix que je regrettais profondément.
ces seuls bleus céruléens, qui me captivaient, révélaient céans la lumière.
— naruto. silence. les mois ont passé. et je regrette encore de ne pas t'avoir prévenu que la lune rouge inscrite au ciel n'avait à croiser ton regard. entêté comme je suis, j'ai préféré me livrer à un combat désespéré contre obito pour lequel je me suis entièrement remis aux ténèbres. désormais... mes pensées sont détournées vers son esprit. mes paroles sont façonnées par ses mots. mes actes sont contrôlés par la flamme de sa volonté. parvenir à la paix revient à te réveiller par tous les moyens nécessaires et éradiquer cette lutte constante pour le pouvoir en créant une alliance entre tous les villages, seulement… ma quête de paix est toujours imprégnée d'une haine profonde. appelons un chat, un chat, naruto. je répondrais aux destructeurs de mon clan par l'obscurité avec une noirceur équivalente, aussi sombre et extrême qu'elle puisse nous être imposée. je la surpasserai. je veux tout changer pour bâtir un monde sans erreur en ne comptant que sur ma seule force. madara, obito, danzô, hiruzen, … je révélerai les vérités, et je les tuerai ! j-je… je ne les laisserais plus nous séparer ! TU M'ENTENDS !?
ma seule fleur rouge et pupille violine qui le fixait voilaient céans la lumière.
des gamins esseulés et en manque d’amour.
c’était ça, ce que nous étions, lui et moi.
le feu crépitait encore, proche de mes doigts qui plongèrent contre mon visage.
— BARRE-TOI DE MA TÊTE ! vociféra-t-il au point d’en relever la tête.
il était là, dos à lui et il ne bougeait pas d’un pouce. il attendait que le jeune brun fasse le premier pas pour se tourner. sasuke sentait sa présence comme celle de personne d’autre. désorienté, il maintint ses yeux fleuries grands ouverts entre les ouvertures fines de ses doigts frêles. interdit. sa poitrine se soulevait et s’abaissait de manière chaotique alors qu’il luttait pour reprendre son souffle. ses épaules tremblaient légèrement sous l’effet de l’hyperventilation, il se cramponna à ses genoux, essayant désespérément de retrouver une certaine stabilité. son autre genoux claqua contre le sol alors qu’il agrippa le pan de son kimono aux hauteurs de son torse. il ne pouvait décidément pas le faire. la peur que le blond meurt l’envahissait tout entier.
soudainement, il se rappela qu’itachi lui avait prouvé que seul l’amour pouvait déjouer les illusions. il avait cru saisir la grandeur des pensées de son frère. il se demandait, alors… quel était le sens de sa relation avec naruto ? lui éprouvait une profonde aversion qui aurait fait chuter toute étoile, éteindre la lune, répandre ses flammes noires à l'entièreté du monde shinobi.
et pourtant…
sasuke déporta son regard en amande à son seul ami,
et s’effondra.
naruto.
es-tu parvenu à lire dans mon esprit ?
comment peux-tu me laisser faire ça ?
la nuit était tombée, recouvrant le ciel d’un noir d’encre où l’on pouvait voir briller des étoiles qui se décomptaient par milliers. elles semblaient si éloignées les unes des autres à ses yeux, mais pourtant sasuke savait qu’elles étaient en réalité très proches. certaines vivaient aux confins de l’univers tandis que d’autres vivaient assez proches d’eux. elles étaient proches, partageaient en réalité la même volonté, les mêmes valeurs, mais pourtant leurs manières d’agir, de vivre étaient totalement à l’opposé. avec un profond désintérêt, sasuke chassa toute représentation au travers de ces astres. il en avait après la lune qui avait retenu naruto en un sommeil profond et le menait vers une solitude encore plus grande, dont sasuke se savait l’entier responsable.
le feu crépitait. les flammes se mêlaient aux rondins de bois. elles semblaient vouloir faire oublier la fraîcheur de la brise. celle-là attisait le feu qui portait la grandeur des flammes, et projetait des ombres dansantes à la pâleur de son teint. la lueur de celles-ci accentuait les traits préoccupés de sasuke, créant un contraste entre la chaleur du feu et la froideur de sa détresse émotionnelle.
pourquoi mes yeux n’arrivent-ils pas à voir au-delà du rêve ?
pourquoi ne m’ont ils pas tués ?
où est le vrai moi-même ?
pourquoi est-ce que mes pensées semblent de plus en plus confuses et désordonnées ?
sasuke s'était aventuré seul dans cette forêt lugubre, cherchant des réponses à ses questions les plus profondes. les ombres des arbres enveloppaient le paysage d'une obscurité oppressante. il avait allumé un feu de camp pour se réchauffer et croyant que cela allait éclairer son chemin, mais maintenant, les flammes dansaient de manière chaotique, projetant des ombres effrayantes sur l’ensemble de son corps délicat et chétif. les murmures du vent à travers les branches semblaient se transformer en voix familières, en échos déformés de ses souvenirs. les souvenirs tourbillonnaient dans son esprit comme des fantômes, et il lutta pour les saisir. il ne savait plus où il était, ni pourquoi il était là. la folie semblait l'entourer, menaçant de le brûler.
son genoux claqua contre l’herbe. ses mains tremblaient tandis qu'il essayait de reprendre le contrôle de sa propre réalité. sa tignasse effilée s’agita de droite à gauche, les yeux écarquillés, cherchant désespérément une lueur de clarté dans le tourbillon de confusion qui l'envahissait. le feu de camp crépitait toujours, sa narine se plissa et son visage se marqua par la souffrance. il était seul, perdu dans l'obscurité de sa propre psyché, se demandant si jamais il trouverait la paix ou la vérité qu'il avait tant recherchée. la panique le saisit alors qu'il se demandait s'il était en train de sombrer dans une folie inévitable, incapable de distinguer le rêve de la réalité.
il perdait pied. c’était plus qu’évident, maintenant. il s’éloignait de tout ce qui avait de l’importance pour lui. il s’était vu faire souffrir ses proches autant que ceux qui comptaient réellement pour lui. désormais, il refusait qu’on lui adresse la parole, sauf pour obtenir les informations les plus importantes. il calculait chacun de ses mots, chacun de ses gestes, chacune de ses pensées. entre ses dents, un exhale s’échappa. il réalisait, aussi vulnérable qu’une étoile se détachant du ciel pour apparaître filante, à quel point il se trouvait seul dans cette démence qui le remplie de haine et de noirceur. une étoile qui tombait était une étoile mourante. sasuke était abandonné. il savait qu’il l’avait rejeté et blessé, mais il était perdu, sans lui, car il est la seule lumière qui puisse percer les ombres qui l’étouffent. il le voulait. il le voulait pour qu’il l’aide à retrouver la voie de la rédemption, se libérer de l’emprise d’obito, et ramener un peu de clarté dans son coeur obscurci. des larmes chaudes perlaient à la commissure de ses yeux vairons dessinés en amande. il restait assis à côté du feu, sage, comme un enfant attendant quelque peu de bienveillance. s’en suivis des exhales plus fréquents. il n’était plus l’enfant qu’il avait pu être. il abandonna son regard pour les étoiles, avant de se convaincre qu’il n’aimait tout simplement plus regarder les étoiles. ses poings étaient serrés, et ses yeux vides reflétaient les ombres noires des flammes.
il eut un moment d’absence qui lui sembla une éternité.
il serra les poings encore plus fort, ses ongles s'enfonçant dans la paume de ses mains. la tentation de frapper quelque chose, n'importe quoi, était presque irrésistible. il cherchait à se raccrocher à la réalité d’une manière ou d’une autre, mais il ne le pouvait tout simplement pas, et il le savait.
un hurlement de désespoir dans la nuit émana cruellement de sa voix rauque et chaude.
une déflagration de rage qu’il ne sût pas réprimé, tel un loup, il hurla encore, le haut de son corps basculant entièrement pour l’avant.
ses yeux fleuris s’écarquillèrent. un frisson s’empara de son échine. le jeune brun se soumit au silence de sa présence, résolument docile.
naruto.
pourquoi fallait-il que cela soit toi, que ma conscience hurle, à la profondeur de mes ténèbres ?
— sors de ma tête, murmura sasuke à voix basse.
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des gamins esseulés et en manque d’amour.
c’était ça, ce que nous étions, lui et moi.
nous nous trouvions à l’intérieur de ma conscience. c'était un tableau de désespoir pur, une descente aux enfers de mon âme qui aurait pu faire frissonner même le plus insensible des observateurs. à l'intérieur de ma conscience, c'était un brasier de tourments et d'angoisses. tout était sombre, une obscurité épaisse et étouffante qui semblait vouloir me submerger tout entier. mes pensées étaient comme des yokaï hurlants, se tordant et se contorsionnant dans les coins égarés de mon esprit. les flammes de l'amaterasu brûlaient en moi, un feu intérieur qui dévorait raison et paix intérieure. c'était une déflagration sans fin, une rage volcanique incontrôlable qui menaçait de tout consumer. chaque crépitement de ces flammes était comme un rappel constant de mes erreurs passées, de mes choix que je regrettais profondément.
ces seuls bleus céruléens, qui me captivaient, révélaient céans la lumière.
— naruto. silence. les mois ont passé. et je regrette encore de ne pas t'avoir prévenu que la lune rouge inscrite au ciel n'avait à croiser ton regard. entêté comme je suis, j'ai préféré me livrer à un combat désespéré contre obito pour lequel je me suis entièrement remis aux ténèbres. désormais... mes pensées sont détournées vers son esprit. mes paroles sont façonnées par ses mots. mes actes sont contrôlés par la flamme de sa volonté. parvenir à la paix revient à te réveiller par tous les moyens nécessaires et éradiquer cette lutte constante pour le pouvoir en créant une alliance entre tous les villages, seulement… ma quête de paix est toujours imprégnée d'une haine profonde. appelons un chat, un chat, naruto. je répondrais aux destructeurs de mon clan par l'obscurité avec une noirceur équivalente, aussi sombre et extrême qu'elle puisse nous être imposée. je la surpasserai. je veux tout changer pour bâtir un monde sans erreur en ne comptant que sur ma seule force. madara, obito, danzô, hiruzen, … je révélerai les vérités, et je les tuerai ! j-je… je ne les laisserais plus nous séparer ! TU M'ENTENDS !?
ma seule fleur rouge et pupille violine qui le fixait voilaient céans la lumière.
des gamins esseulés et en manque d’amour.
c’était ça, ce que nous étions, lui et moi.
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le feu crépitait encore, proche de mes doigts qui plongèrent contre mon visage.
— BARRE-TOI DE MA TÊTE ! vociféra-t-il au point d’en relever la tête.
il était là, dos à lui et il ne bougeait pas d’un pouce. il attendait que le jeune brun fasse le premier pas pour se tourner. sasuke sentait sa présence comme celle de personne d’autre. désorienté, il maintint ses yeux fleuries grands ouverts entre les ouvertures fines de ses doigts frêles. interdit. sa poitrine se soulevait et s’abaissait de manière chaotique alors qu’il luttait pour reprendre son souffle. ses épaules tremblaient légèrement sous l’effet de l’hyperventilation, il se cramponna à ses genoux, essayant désespérément de retrouver une certaine stabilité. son autre genoux claqua contre le sol alors qu’il agrippa le pan de son kimono aux hauteurs de son torse. il ne pouvait décidément pas le faire. la peur que le blond meurt l’envahissait tout entier.
soudainement, il se rappela qu’itachi lui avait prouvé que seul l’amour pouvait déjouer les illusions. il avait cru saisir la grandeur des pensées de son frère. il se demandait, alors… quel était le sens de sa relation avec naruto ? lui éprouvait une profonde aversion qui aurait fait chuter toute étoile, éteindre la lune, répandre ses flammes noires à l'entièreté du monde shinobi.
et pourtant…
sasuke déporta son regard en amande à son seul ami,
et s’effondra.
naruto.
es-tu parvenu à lire dans mon esprit ?
comment peux-tu me laisser faire ça ?
“Des gamins esseulés et en manque d’amour.
c’était ça, ce que nous étions, lui et moi.”
Non, ils avaient toujours été beaucoup plus dans leur for intérieur. Ils n’étaient pas que des gamins esseulés en quête d’un sentiment futil qu’est l’amour. Ils étaient bien plus que cela, tout simplement parce qu’ils n’étaient pas que Naruto Uzumaki et Sasuke Uchiha. Naruto n’était pas qu’un paria et Sasuke n’était pas que le dernier survivant d’un clan maudit. Non, cette définition ne leur convenait pas, bien trop réducteur à ses yeux. Sous la lune argentée, sous ce ciel parsemé d’étoiles brillantes dans la pénombre, Naruto observait la déchéance de Sasuke face à ce qu’il lui arrivait. Un sort cruel , torturant, étiolant son esprit qui se divisait en de multiples morceaux face à cette épée de Damoclès qui pesait lourdement sur sa tête. Dans ce monde troublé et chaotique, Sasuke avait oublié ce qu’il était vraiment, revenant même à ce qu’il était dans ses jeunes années. Seul, perdu, dépassé, impuissant. Ses yeux noirs fixaient ce qu’il avait perdu, se rendant compte de toutes ces années gâchées par cette haine destructrice qui pourrait noircir n’importe quel coeur. C’était une haine sourde à la fois froide et brûlante dans les veines. Une haine qui rongeait le bon sens pour ne laisser place qu’à une folie incandescente. Elle pouvait étioler n'importe quelles bonnes âmes, les détournant de leurs chemins, de leurs destinées et de leurs rêves pour ne laisser que des remords, désillusion et solitude. Cette haine était partout dans ce monde, telle une maladie contagieuse s’infiltrant sous la peau de personnes bonnes pour les tordre, les détruire afin de ne laisser qu’une personne sans cœur, sans foi et sans valeurs. C’était cette même haine qui avait réduit le monde shinobi à néant, l’avait écrasé dans un étau inextricable. C’était cette même haine qui avait poussé ces hommes à se battre, à s’entretuer , à se massacrer les uns les autres pour une ironique raison. La paix. C’était cette même haine qui les divisait, les poussant à une folie meurtrière mais c’était cette maudite paix qu’ils désiraient au fond de leur cœur. En ce sens, Naruto comprenait mieux que quiconque cette dualité. Tous les villages se haïssaient, s’étaient fait la guerre pour vouloir la paix au fond de leurs cœurs. Ces shinobis s’étaient battus au combat pour avoir cette paix éphémère, un sentiment d’accomplissement, de ne plus entendre la haine qui rugissait dans leurs têtes. Ils avaient combattu des frères, tué des soeurs pour obtenir ce qu’ils désiraient, en vain. C’était ce que cette haine désirait, les voir se déchirer pour une utopie illusoire.
“Des gamins esseulés et en manque d’amour.
c’était ça, ce que nous étions, lui et moi.”
Non, Naruto et Sasuke n’étaient pas que ça. Ils avaient été des gamins projetés bien trop vite dans un monde d’adulte, faisant peser sur leurs petites épaules frêles, un destin qui les dépassait complètement tant il semblait atteignable. Un destin qui les écrasait, les empêchant de vivre leurs enfances. Bien trop vite, leurs destins étaient devenus un fardeau. Un boulet accroché à leurs chevilles, une tâche noire sur leurs tableaux lumineux. Bien trop vite, cette haine destructrice s’était infiltrée dans leurs cœurs, les rongeant progressivement. Naruto et Sasuke n’étaient pas que des gamins seuls qui traînaient dans les ruelles du village pour passer le temps.
“Des gamins abandonnés et oubliés au profit de quelque chose plus grand qu’eux,
c’était ça, ce que nous étions, lui et moi.”
Naruto était le paria, destiné à établir la paix dans le monde shinobi dès sa naissance. C’était ce que son père lui avait comme mission tant qu’à Sasuke, c’était d’être plus fort, toujours plus fort. Rien ne destinait à ce qu’ils soient liés. Ils étaient deux êtres complètement différents mais pourtant ils étaient là. Liés dans cette solitude implacable, dans cette haine qu’ils pouvaient voir dans les yeux de l’un et de l’autre. Liés dans cette destinée qui les entraînait malgré eux dans une symphonie dissonante et discordante. Leurs fils du destin s’étaient entrelacés pour ne former qu’un. Naruto avait besoin de Sasuke à ses côtés, après tout, celui-ci était seul à pouvoir le comprendre. Sasuke pouvait comprendre ce qu’il ressentait au fond de lui. De cette haine qui l’avait rongé pendant de nombreuses années mais qui avait été son leitmotiv. Quant à Sasuke, il avait besoin de Naruto, de sa compagnie après ce qu’il avait vécu au sein de son clan. Naruto avait réussi à accepter cette haine de soi, mais Sasuke n’avait jamais su ou pu faire face correctement. Elle était celle qui alimentait sa puissance, son pouvoir. La haine les avait liés mais les avait divisés dans leurs manières procéder. Naruto avait caché cette haine, voulant prouver sa valeur dans un espoir vain qu’elle disparaisse, une fois qu’ils avaient vu que Naruto était bien plus que le démon renard. Quant à Sasuke, il voulait laver le déshonneur de son clan , racheter leurs malédictions. Cependant, la haine n’avait jamais été un bon moteur pour cet objectif bien au contraire.
“Des gamins remplis d’une haine incomprise de tous, sauf de nous,
C’était ça, ce que nous étions, lui et moi”.
Naruto s’avança, regardant la tête de Sasuke se relever alors qu’il lui lança un regard en amande. Une étincelle d’espoir brillait dans ses yeux d’onyx alors qu’il vit ses cheveux blonds, ses yeux bleus, mais rien de tout cela n’était réel. Il n’était que l’illusion de son esprit en souffrance. Une illusion auquel il devait s’accrocher afin de pouvoir parvenir à ses fins. Sans un mot, Naruto s’assit sur un rondin de bois, fixant le feu tandis qu’il écoutait Sasuke se perdre dans les méandres de son esprit. Un sourire serein vint étirer ses lèvres tandis qu’il regardait le feu rougeoyer et crépiter dans cette nuit calme.
-L’es-tu ? Demanda d’une façon rhétorique Naruto, un sourcil levé. Si tel était le cas, je ne serais pas là, à ce moment à te parler, ‘ttebayo. Tu le sais , n’est-ce pas ? Demanda-t-il à nouveau d’une façon rhétorique.
Le jeune shinobi, enfin son illusion, étendit ses mains vers le feu, réchauffant celles-ci tandis qu’il le fixait, observant les flammes danser dans un tourbillon de couleur rouge et orangé. Il admirait les dégradés de couleurs qu’offrait un bon feu de camp, encore plus, en cette soirée où il devait tout faire pour que Sasuke l’écoute. Lui, cette petite partie rationnelle. Un sourire en coin étire à nouveau ses lèvres en pensant à quel point cette situation est ironique.
-Tu le sais n’est-ce pas ? S’enquit-il rhétoriquement, son attention tournée vers le feu. Le feu est magnifique, il apporte chaleur et réconfort lors d’une nuit fraîche mais il peut se montrer destructeur et puissant utilisé à mauvais escient. La haine est pareille Sasuke, nous le savons. La haine peut engendrer de grandes choses , elle divise autant qu’elle rapproche. Utilisée à mauvais escient, elle engendre encore plus de haine et de vengeance. A bon escient, elle peut rapprocher. Toi et moi, on sait mieux quiconque que rien dans ce monde n’est tout blanc ou tout noir, rien n’est déterminé. Il suffit de savoir ce que tu souhaites et avoir la volonté d’y arriver. Comprends-tu ? Demanda Naruto en lançant un regard à Sasuke.
Ses yeux bleus s’ancrèrent dans les yeux amandes de son meilleur ami avant de ramener ses mains vers son corps. Ses lèvres viennent s'étirer dans un sourire calme et serein, comme pour apaiser l’esprit étiolé de Sasuke qui semblait se perdre dans les méandres de ce conflit interminable. Leurs yeux se rencontraient, transmettant un millier de choses à la fois. Le bleu céruléen rencontre le noir d’onyx de sasuke tel le ciel diurne contre le ciel nocturne. Même dans un simple regard, il existait une dualité essentielle. Il y avait de la noirceur dans les yeux lumineux de Naruto, une ébauche de lumières dans les yeux sombres de Sasuke. Ils étaient différents mais se complétaient à la perfection. Si différent, si semblable, si complémentaire.
-On est bien plus que des gamins esseulés et en mal d’amour. Je ne suis pas qu’un héros et toi , un méchant. C’est une vision enfantine de nous voir ainsi. Il y a de la dualité partout dans ce monde. Sans folie pas de raison, pas de paix sans la guerre, pas d’amour sans haine. Il faut savoir vivre avec ça, car nous le savons, enfin, je crois bien que tu le sais. Le sais-tu ? Demanda avec sérieux Naruto en le fixant, ce sourire sincère étirant toujours ses lèvres.
Un sourire qui valait mille mots, des yeux qui racontaient ce qu’ils voulaient dire, car à cet instant sous cette nuit étoilée , ils ne formaient qu’un. Le Ying et le Yang réunis. La lumière et l’obscurité dans un regard, s’assemblant pour ne former qu’une seule personne.
“Des gamins faibles lorsqu’ils étaient seuls mais invincibles lorsqu’ils étaient ensembles,
c’était ça ce que nous étions lui et moi.”
-Il suffit d’une seule chose, Sasuke, savoir qui tu es vraiment et ce que tu veux, déclara Naruto d’un ton serein qui était parfaitement inadapté avec l’esprit torturé de Sasuke.
C’était ce qu’ils étaient. La raison et la folie, discutant autour d’un feu de bois sur l’avenir de ce monde qui leur tenait à coeur.