Sasuke se trouvait à un croisement entre son passé torturé et un avenir incertain. Les cicatrices laissées par ses combats contre Madara et Obito ne se limitaient pas à son corps, mais pénétraient profondément dans son âme tourmentée.
Un mois. Sasuke avait accordé à lui-même un délai, un répit pour panser ses blessures. Cependant, les événements récents le tourmentaient bien plus que les blessures physiques qu'il portait. Obito, en maître manipulateur, avait fait de lui un pion dans son jeu sinistre. Sasuke ne pouvait plus prétendre que les machinations de cet autre Uchiha ne le touchaient pas.
Si seulement je pouvais te confier mes pensées, Itachi…
L'ombre de son frère Itachi et celle de sa mère flottaient dans son esprit, projetant des ombres sur ses pensées. Revoir ces figures familières était un mélange d'émotions pour lui. Il ressentait le désir de les protéger, de les retrouver, mais un poids écrasant l'empêchait d'agir. Sasuke se sentait impuissant, incapable de profiter pleinement de leur retour à la vie.
Pourtant, une rencontre inattendue ajouta à sa confusion. Minato Namikaze, le Quatrième Hokage, avait également été ramenés à la vie par les mains d'Obito. La présence de Minato suscitait en lui des émotions qu'il ne pouvait pas expliquer. Pourquoi avaient-ils décidé de ramener ces êtres chers à la vie, pour ensuite les priver de la possibilité de rester à ses côtés ? La véritable intention d'Obito demeurait un mystère complexe, au-delà de la portée de la compréhension de Sasuke.

Sasuke se tenait dans l'obscurité, entre deux bougies dont la lueur vacillante soulignait les contours de sa silhouette. Son regard intense était fixé sur l'horizon invisible, son esprit plongé dans une méditation profonde. La position en tailleur qu'il adoptait reflétait non seulement son désir de clarté mentale, mais aussi sa détermination à trouver un équilibre intérieur.
Sa main droite reposait sur sa main gauche, les doigts légèrement entrelacés. Chaque geste était précis, chaque mouvement calculé. Dans cet état de méditation, Sasuke trouvait la force de dompter les pensées envahissantes qui tourbillonnaient dans son esprit tourmenté. Les souvenirs, les dilemmes et les émotions conflictuelles s'effaçaient lentement, laissant place à un espace de tranquillité où il pouvait entrevoir la clarté au-delà des ténèbres.
La méditation était devenue son refuge, une forteresse intérieure où il pouvait se soustraire aux regards inquisiteurs. Obito, ce manipulateur omniprésent, pouvait capter les moindres pensées, un danger constant qui l'obligeait à se retrancher dans son esprit. Si Sasuke voulait préserver ses intentions secrètes, s'il souhaitait échapper à l'attention attentive d'Obito, il devait se plonger dans cet état de concentration, où seuls les échos de ses propres pensées pouvaient le rejoindre.
À mesure que la lueur des bougies dansait dans la pénombre, Sasuke plongeait plus profondément dans sa propre essence. Dans ce sanctuaire mental, il tissait les fils de sa volonté, tâchant de se libérer de l'influence d'Obito tout en restant fidèle à son propre chemin. La méditation n'était pas seulement un moyen de gagner en clarté, mais aussi un moyen de se préparer à la bataille psychologique qui s'intensifiait à chaque instant.

Le “faucon” a changé son plumage. Maintenant, nous briserons les chaînes de manipulation, dévoilerons la vérité derrière les illusions de l'Infinite Tsukuyomi et ramènerons le monde shinobi à la réalité.


Ploc, Ploc.
Marcher, c’était la seule chose qu’il puisse faire. Marcher pour se donner l’illusion d’avancer. Sasuke était déterminé à retrouver chaque membre qui composait Taka.
Recouvert d’un capuchon noir, il marcha une bonne heure sur les quais animés, où les murmures du port pourraient révéler des échos du passage de Suigetsu.
Un moment d’absence le frappa.
Il observait un moment ses doigts à la paume tournée pour la pluie. Les larmes d’Itachi ruisselaient sur lui. Par sa faute, il continuerait à ne pas trouver le repos. Sasuke prit conscience que s’il avait retrouvé leur mère, ça voulait dire qu’Itachi le pouvait, lui aussi. Alors ses pensées le menaient à leur père, puis au clan tout entier face auquel Itachi devra affronter colère et ressentiment, sinon confusion et remords. Itachi avait en réalité agi dans l’intérêt de la paix et de la stabilité du village de Konoha. Son poing se referma aussitôt. Son visage s’abaissa avec une triste moue, puis ses yeux se fermèrent avant de lorgner un groupe d’individus du coin de son oeil en amande, tandis qu’une phrase retenue son attention.

— Une unité d'assassins spécialisés dans l'extraction d'informations ?
— Il faut admettre que Kiri possède cette particularité ! Le Daimyô est sûr de pouvoir renverser Konoha et clore le chapitre de la guerre. Enfin… C'est le plan après avoir écarté ce rival politique, une goutte d'eau insidieuse capable de troubler ses projets.
— "Renverser" Konoha…? murmura Sasuke à voix basse, sa mâchoire se crispant.
— Haha ! Je reconnais bien la résolution de nos dirigeants.
— On dit que le Daimyô a chargé une jeune ninja douée en jujutsu, originaire de Kiri, de s'occuper de cette affaire. Elle se dirigera vers le village de Takigakure pour mener à bien cette mission délicate.
— Niwa Miyako… Ah oui ! Le nom me dit quelque chose. Peut-on vraiment compter sur elle ? Depuis la disparition de son père, elle a semblé s'éloigner du village.
— Personne ne le sait réellement…

Un monde ravagé par des batailles.
Au travers des rêves communs de l’infinite tsukuyomi, les fragrances de la paix n’étaient aucunement portée par Madara Uchiha. Cependant, il n'était pas surprenant qu'il manipule la réalité pour servir ses propres besoins, écartant tout ce qui entravait son chemin. Cette réalisation en était presque décourageante, comme si Sasuke avait l'espoir de trouver une once de bonté et de tranquillité en Madara.

— Même au sein de cette illusion persistante, les hommes continuent de se livrer à la bataille… murmura Sasuke d’un air las.

Depuis le tronc de l’arbre contre lequel il se tenait, Sasuke se contenta simplement d’abaisser ses pupilles vairons à ce qui se tramait plus bas. Rien n’échappait à ses yeux. Il les percevait comme s’ils étaient proches de lui. Les trois ninja qu’il traquait venaient de se disperser. La situation tournait en sa faveur. Tout ce qu’il avait à faire, c’était d’être plus rapide que ces trois-là pour la tenir hors de portée de son équipe. Alors il enclencha le pas, lui aussi, se dirigeant prestement aux arrières de cette longue chevelure noire qui venait de plonger Takigakure dans un brouillard parfaitement naturel.

— hmm… ça ne va pas être évident du tout…

Sasuke se tenait à l’intérieur de l’épais brouillard de chakra, conscient que sa présence pourrait facilement être détectée par la ninja qui avait invoqué ce jutsu.
Avec une concentration profonde, il laissa son chakra presque se dissoudre dans l'air, devenant aussi insaisissable que l'obscurité elle-même. Ses pas étaient légers, son souffle discret, comme s'il était devenu une extension du brouillard qui l'entourait.
Sasuke garda une distance calculée par rapport à la kunoichi de Kiri, laissant suffisamment d'espace pour éviter de déclencher toute alerte prématurée. Il la suivit avec une précision silencieuse. Il se fondait dans les ombres du brouillard, utilisant chaque soupçon de connaissance en matière de furtivité pour rester hors de vue.
Le chemin tortueux mena finalement à une chambre, baignée de tensions et de secrets. Sasuke avait réussi à rester invisible aux sens de la ninja, un fantôme silencieux parcourant le brouillard.

Sasuke bondi.
Il révéla de manière imminente toute l’intensité de son chakra sombre et froid. Son sharingan s’activa, balayant les flux de chakra environnants en un instant. D'un geste fluide, il retira deux kunai de sa ceinture et les projeta vers les gorges des deux ninjas postés devant la porte de la chambre. Le sang gicla, leur gorge plantée, ils s'effondrèrent. C'était l'opportunité qu'attendait Sasuke.
L’instant d’après, le Uchiha fixa intensément les yeux de la Niwa, leurs regards se liant dans une fraction de seconde, puis se décroisèrent comme si le temps avait suspendu leur souffle. Sasuke se tenait déjà au-dessus de leur victime. Un pied fermement posé près de ses côtes, un genou au sol de l'autre côté du corps étendu. Ses mains se positionnèrent naturellement sur le koiguchi de son kusanagi dont la lame s'enfonça sinueuse et d’une délicatesse cruelle entre les côtes de la victime, atteignant son cœur, arrachant l’opportunité de cette mission demandé par le daimyô de Kirigakure aux membres du trio. Il venait de le tuer d’une facilité déconcertante.

— Hn.

À la discrétion du trio de Kiri pris au piège de son genjutsu, Sasuke libéra délicatement la victime de ses illusions, laissant entendre qu'elle était libre de partir. D'un mouvement nonchalant, il se redressa droitement. Son regard demeurant fixe sur les yeux de la victime, désormais engagée dans une "mort apparente" pour les ninja encore présents dans la pièce. Accordant peu d’importance au convoité de leur daimyô, il s’attacha plutôt à lentement faire glisser la lame de kusanagi à son fourreau. Ensuite, il continua d’arborer un profil fier, se tournant vers la kunoichi de Kiri. Sa prunelle rougeoyante et fleurie se retrouva une fois de plus plongée dans celles de la fameuse Niwa, son talent lui permettant de la maintenir captive dans l'illusion avec une maîtrise délicate.
Le temps jouait contre lui.
Guidant la kunoichi hors de la chambre, Sasuke la conduisit loin des sentiers fréquentés. Sa présence était comme une ombre protectrice, enveloppant la kunoichi dans une aura de confiance.
"Renverser" Konoha…
Les paroles résonnaient en lui comme les vagues incessantes qui s'écrasaient contre les quais du port de Kiri, insistant et implacables.

— Ton avenir ne sera plus dicté par les conflits entre les villages.

Les paroles douces de Sasuke comme des murmures, une promesse silencieuse qu'il serait prêt à tout pour la protéger de l'intrigue politique complexe dans laquelle elle avait été entraînée malgré elle.
Ils atteignirent un endroit reculé, où la nature nocturne dévoilait toute sa splendeur. Sasuke dénoua doucement le genjutsu, libérant la kunoichi de son emprise. Il l’avait délicatement assise contre un arbre. Ses prunelles vairons observant subrepticement son visage. En dépit du silence qui les entourait, sa posture était apaisante, une promesse muette de protection et de compréhension.

— Comment tu te sens ?