La réalité d'un rêve - Kokoroshiro Samahada - 15.11.23 0:17

Une vingtaine d'années avant la 4ème grande guerre ninja, dans un pays froid nommé Yuki no Kuni, un petit village caché à la lisière de la grande forêt de conifère fourmillait de vie. La grande fête des glaces venait de commencer ! Des marchands de tout le pays se retrouvèrent dans ce petit hameau technologique, souhaitant faire connaitre leurs nouvelles ingénieries et leurs équipements de dernière génération. Ce village est réputé pour regrouper un grand nombre d'ingénieurs talentueux et de manieurs d'outils de génie, permettant au pays de prospérer et de dominer les avancées technologiques. On y trouvait des armures renforçant les capacités ou des lanceurs de kunai sophistiqué. On pouvait également apercevoir la fumée des trains posés sur les lignes de chemin de fer qui traversaient le pays. Ce grand rassemblement d'artisans enrichissait tout le pays et le rendait précurseur dans plusieurs domaines d'artisanat, lui permettant de commercer avec d'autres pays avides de nouvelles technologies. Cette période était l'une des plus fructueuses pour Yukigakure, qui en profitait pour faire des partenariats avec d'autres villages et se partager les ressources nécessaires aux confections d'équipements, mais également des denrées et nourritures comme monnaie d'échange, car la chasse et la cueillette restait compliqué pour ce village enneigé en permanence, subissant tempêtes et avalanches régulières. Certaines demeures possédaient néanmoins de petites exploitations en permacultures et des serres chauffées, afin de pouvoir subvenir aux besoins de leur clan, mais le commerce restait le moyen principal d'obtenir de quoi vivre normalement.
L'utilisation du Hyôton, qui était l'affinité de la quasi-totalité des villageois, permettait de conserver les viandes troquées ou chassées en aidant les familles aisées à stocker sur le long terme, néanmoins le larcin et le vandalisme faisait partie de la dure réalité de la vie à Yuki no Kuni. L'une des cibles principales des méfaits et larcins était la famille Kokoroshiro... Ce petit clan isolé à l'extérieur du village, proche des premiers sentiers de la grande forêt de conifères, il était une cible facile n'étant pas protégé à l'intérieur de l'enceinte du village et hors de portée de la garde. Avant de rejoindre le village, les brigands et voleurs tombaient en premier sur leur petite maison, possédant un maigre jardin et un entrepôt au toit branlant. Leur présence en première ligne arrangeait bien la garde, qui était prévenue de l'arrivée des malfrats dans la zone du village.

Les habitants du village ne portaient pas la famille de Sama dans leurs cœurs... Etant récemment implanté, ne possédant pas de richesse ni de notoriété, ils étaient vus comme des rebuts : le clan ne maitrisait pas le Hyôton et leur apparence peu naturelle aux cheveux blancs et yeux bleu très lumineux les différenciaient. Leur Kekkei Genkai est le Shôton ! Très rare capacité héréditaire et surtout mal vue car trop dangereuse, en effet la difficulté de maitrise provoque souvent des accidents, la plupart assez marquants, faisant des blessures souvent irréversibles aussi bien à son utilisateur qu'aux cibles malencontreuses des jutsus. Plusieurs membres de la famille portaient encore les séquelles ces erreurs. Le frère fougueux et rebelle de Sama en a justement fait les frais enfant, en cristallisant l'un de ses bras alors qu'il s'entrainait seul dans la forêt malgré l’interdiction. Il chuta sur le chemin du retour et se brisa l'avant-bras qui était prisonnier de cette matière fragile lorsqu’elle n'était pas consolidée correctement avec du chakra. Son arrière-grand-père quant à lui, se retrouva encoquillé intégralement alors qu'il faisait une crise terrible de somnambulisme. Comme personne ne remarqua son action, une nuit de nouvelle lune, il suffoqua dans ce qui est devenu son cercueil cristallin. Il fut enterré ainsi afin de préserver à jamais son corps pétrifié, servant de leçon à sa famille et aux générations futures. Depuis, ils n'utilisèrent cette mutation génétique que pour l'artisanat et n'étaient plus entrainé que pour l'utilisation du Dôton et du Kâton.
Cependant cela n'arrêta pas Sama. Il faut dire qu'il adorait le monde animal et la beauté de la nature, toujours plus indomptable. Discret comme un renard, il sortait en douce dès qu'il en avait l'occasion, rejoignant le monde sauvage. S'entrainant en cachette, l’enfant créait de petits animaux cristallins qui lui tenaient compagnie lors de ses expéditions. Comme il parvenait souvent à ramener quelques denrées, il échappait aux réprimandes quand il rentrait. Il ne suivait pas vraiment les consignes de ses ainés, ne comprenant pas leurs convictions et leur sévérité.
Pour ce qui est de l'école, ses notes étaient excellentes et il parvenait le plus souvent au bout de ses missions avec les camarades de son équipe. Les autres ne l'appréciaient pas vraiment mais il n'y prêtait pas vraiment attention et faisait simplement ce que ses professeurs lui demandaient. Au fond de la classe en permanence, affalé sur son pupitre, il écoutait d'une oreille, en rêvant du moment où il pourrait retourner dehors et retrouver ses "vrais" compagnons. Ses yeux cristallins, perdu dans le vide, ne rassuraient pas ses camarades, qui pensaient y voir un Dôjutsu inconnu, pouvant semer la mort. Il n'en était rien...ce n'était qu'une des particularité cette famille bizarre.

Un soleil comme les autres venait de se lever par la grande montagne surplombant la forêt, baignant le village de sa douce lumière et perçant à travers la cime des arbres jusqu'à la petite maison des Kokoroshiro. Les rayons caressèrent le visage de Sama, qui dormait près de la fenêtre, car il aimait regarder les étoiles pour s'endormir. Il ouvrit les yeux et sourit au soleil levant avant d'apercevoir deux petits oiseaux virevoltants non loin de la maison.
Tiens, vous êtes déjà là, vous !
Sortant de son lit en silence pour ne pas réveiller sa nièce et sa mère qui dormait encore, son père n'étant toujours pas rentré de mission, il attrapa sa tenue, une croute de pain rassie, enfila ses chaussures et sortit discrètement pour aller à la rencontre de deux de ses compagnons, habitués à venir grapiller quelques miettes offertes par Sama. Il frémit légèrement quand un souffle de vent matinal lui parcouru la nuque, mais la douce chaleur du soleil lui fit oublier cette température mordante. Ecrasant sa croute dans le creux de sa main, il la tendit aux volatiles qui ne semblaient attendre que cela et se posèrent sur ses doigts pour grignoter. Un doux sourire se dessina sur le visage du jeune garçon qui chuchota d'une voix mielleuse :
Vous êtes bien matinaux mes chers amis, seriez-vous en train de vous préparer pour l'hiver ? J'aimerais bien voir votre chez-vous un jour. Vous me le monterez ?
Il sourit de plus belle, s'amusant de sa propre naïveté. A peine terminé, les deux oiseaux décollèrent en faisant un tour de la tête de Sama, puis disparurent dans la forêt, le laissant rêveur d'une vie ou il était un oiseau, libre, profitant du vent pour le soulever et le faire danser dans les airs. Il soupira gaiement et regarda autour de lui, comme pour dresser un inventaire matinal des choses qui auraient potentiellement disparus pendant la nuit. Rien...tout semblait en place. Même la pelle qu'il avait oublié de rentrer hier soir, toujours posée contre les bûches prédécoupées.

Un étrange silence résidait autour de la maison, comme si la nature s'était éteinte l'espace d'un instant, ne laissant que le bruit du vent dans les arbres. Sama ressenti un frisson désagréable lui parcourir le dos de bas en haut, lui dressant les poils ainsi que les cheveux sur son crâne. Une mauvaise intuition...très mauvaise, lui paralyse l'esprit. C'est alors qu'il aperçut sur le sentier, au loin, une silhouette, seule. Plus elle se rapprochait, plus on pouvait remarquer sa démarche, imprécise, lente et fastidieuse, qui tanguait de droite à gauche. Après avoir trébuchée vers l'avant, elle tomba lourdement sur le sol enneigé et resta inerte, un bras levé en direction de Sama, comme pour tenter de l'attraper. Son instinct protecteur ne faisant pas de différence entre un proche et un inconnu dans le besoin, le jeune garçon s'élance sans perdre un instant en direction de cette silhouette pour lui porter secours. Un nouveau frisson le traversa lorsqu'il aperçut la chevelure dans la neige. Elle était immaculée de sang mais était reconnaissable entre mille ! Écarquillant les yeux de plus en plus et pris de panique, Sama glissa mais dans l’elan, il se releva rapidement, ne quittant pas des yeux sa cible qui devenait de plus en plus familière... puis, dans un râle déchirant, il s'écria :
Otooosaaaaaaaaaaaan !!!!!!!!!!!

Cavalant comme si sa vie en dépendait, il redoubla de vitesse pour porter secours à son père blessé. Arrivé à sa hauteur, il se jeta à ses côtés en le prenant dans ses bras pour le retourner.
Otosan !! Que t'est-il arrivé ? Qui t'as fait ça ?
Il lève la tête en direction des traces laissés par son père et scrute l'horizon et tout autour d'eux, cherchant si quelqu'un le suivait.
Kaza...c'est toi mon fils ?
Non papa, c'est moi...Sama
Le piteux état de son père l’empêcha de retenir ses larmes. Mara rétorqua à bout de souffle :
Sama...mon fils...des hommes en blanc sont en chemin pour le village.... Ils viennent de Kiri...Ils ont traversé les eaux et marchent sur le pays des neiges...ils… veulent nos technologies...Ils ne doivent pas trouver notre clan…notre famille…notre Kekk....
Une toux ensanglantée empêche Mara de terminer sa phrase et il perdit connaissance, laissant son fils glacé. Dans un sursaut Sama s'égosilla :
Otosaaaaaan !!!
Il se tourna vers sa maison :
Okasaaaaaaaan !!!! Okaaaaaaasaaaaaaaan !!!! Au secooooouuurs !!!!!

Sursautant dans son lit en hurlant, Sama se réveilla avec fracas, transpirant à grosses goûte. Ses longs cheveux tout enchevêtrés dans sa barbe étaient complètement imbibés de sueur. Il posa sa main sur ses yeux, respirant lourdement et laissant échapper quelques gémissements. Ce souvenir ne cessait de coloniser ses nuits depuis quelques mois. Ces terreurs nocturnes se sont manifestées quand la rumeur d'une guerre montait en ville. Une 4eme grande guerre ninja semblait se profiler…