L'atmosphère oppressante du Ishiki m'entoure de toutes parts. Le ciel, plombé d'un voile ténébreux, semble étouffer toute lueur d'espoir. Les arbres, déformés et tordus, s'élèvent comme des spectres du passé, leurs branches crissant de manière sinistre sous le poids de l'obscurité. Le sol, quant à lui, est recouvert d'un manteau de brume épaisse qui s'étend à perte de vue, créant une sensation d'isolement total. Mendokusai... Lorsque je ferme les yeux, je revois ce qu'était notre monde, je ressens mon objectif pour en sortir. Je dois encore trouver comment ? J'ai l'impératif de recueillir des informations.

Le silence qui règne est écrasant, à l'exception des murmures indistincts qui semblent provenir de nulle part. Ces chuchotements fantomatiques amplifient l'aura cauchemardesque de cet endroit, faisant naître en moi une profonde anxiété. D'autant que la plupart des Shinobis endormis, trainent, par automatisme, sans vie, tel des pantins sur des rails.

Les rares éclairages sont des lueurs malsaines, des éclats de lueur rougeâtre qui donnent aux environs une apparence irréelle et inquiétante. Tout semble flotter dans une réalité distordue, où le temps et l'espace ne suivent pas les règles habituelles.

Dans cet environnement lugubre, la méfiance envers les autres est encore plus forte. Mon corps est comme paralysé, car le shinobi qui se tient en face de moi est connu de tous. Connu pour sa versatilité, son envie irrépressible de donner un sens à son existence en fait un Shinobi imprévisible et très dangereux. Mon esprit ne cesse de tourbillonner, cherchant à comprendre les tenants et les aboutissants de notre présence commune dans ce cauchemar éveillé. Mon expression reste impassible, mais mes sens sont en alerte, prêts à réagir à la moindre menace que ce monde hostile pourrait réserver.

Le vent souffle de manière sifflante, transportant avec lui des murmures inaudibles qui semblent emplis de secrets insondables. Je ressens une pression constante sur mes épaules, un poids invisible qui semble vouloir m'écraser. Car le Shinobi en face de moi n'est d'autre qu'Uchiha Sasuke !

Sasuke, l'ombre insaisissable, reste immobile à quelques mètres de moi. Son visage est partiellement dissimulé par l'obscurité, et ses yeux dégagent une aura troublante. Un Sharingan ? Pire ? Ou juste le regard d'un homme perdu par les ténèbres ?  Malgré son calme apparent, je perçois une tension palpable dans son regard, une méfiance similaire à la mienne. Nous nous observons en silence, chacun évaluant l'autre avec prudence. Dans cet endroit énigmatique où les apparences sont trompeuses, il est difficile de savoir à qui l'on peut vraiment faire confiance. La seule certitude qui persiste est que nous sommes tous deux des étrangers dans ce monde inquiétant, et notre survie dépend peut-être de notre capacité à collaborer, du moins temporairement.

Cependant, mon esprit analytique continue de tourner à plein régime, cherchant des réponses à cette énigme complexe. Pourquoi Sasuke est-il ici ? Quel est son objectif dans ce rêve éveillé ? Et surtout, comment pouvons-nous nous échapper de ce piège insidieux ? Les questions se bousculent dans ma tête, mais les réponses restent, pour l'instant, insaisissables.

奈良シカマル — Uchiha Sasuke... Mendoksai...

Est-ce que j'ai peur ? Non. Je suis méfiant. Je suis en alerte. Je connais par cœur ce qu'il me reste en inventaire et je scrute mon environnement.

d'une branche à l'autre, les feuilles semblaient se dérober sous ses pas. les traits de son visage étaient creusés par l'épuisement, marquant sa peau pâle comme de la porcelaine. il se préparait à quitter rapidement le pays du feu, un endroit où il avait trouvé refuge pendant bien trop longtemps. assez longtemps pour vivre des rencontres inattendues, comme celle avec jiraya et l'apparition illusoire de naruto. assez longtemps pour ressentir, même à contrecœur, la terreur causée par obito. sa mâchoire se crispa, ses pensées se tournèrent vers le deuil qui pesait sur sa conscience, conscient des conséquences psychologiques qui en découleraient pour son ami. sasuke était profondément bouleversé, au point de devoir se rappeler constamment de rester attentif à lui-même et à la réalité du moment présent. quitter le pays du feu pour retourner à leur repaire, voilà ce qu'il entreprenait à présent.
ce dernier mois avait été l’un de ses plus intenses depuis qu’il s’était retrouvé à l’ishiki. au point où il se sentait comme un étranger à lui-même. une branche l'avait échappé, son esprit en ébullition, mais il s'était rattrapé sur une autre. il grogna, maudissant sa propre distraction. tout ce qu'il pouvait faire, c'était se cramponner aux ténèbres de sa propre conscience. sa conscience… elle était un feu follet éclairé aux paroles de son grand frère, du blond et aux actes de taka. ni plus, ni moins.

— nara… shikamaru.

un amas de poussière s’ébranla autour de sa silhouette longiligne.
sasuke était accroupi, son poids reposant principalement sur l'avant de ses pieds. il venait de réussir à se rattraper après un saut qui l'avait propulsé depuis les hauteurs des érables. cette posture le forçait à fléchir légèrement les genoux et à étendre les bras vers l'avant pour conserver son équilibre. son dos était incliné en avant, et il gardait la tête baissée. il savait que ses yeux mi-clos ne l'avaient pas trompé. en face de lui, se tenait nara shikamaru, l'ami le plus proche de naruto. celui qui avait porté l'alliance des villages shinobi durant la guerre, et sasuke ne serait pas surpris s'il continuait à assumer ce rôle, même à l'intérieur du mugen tsukuyomi.
après s'être assuré qu'il était resté accroupi pendant un moment, il utilisa ses bras pour se redresser plus dignement en face de shikamaru.

— l’obscurité ne peut être ignorée… le sais-tu ? se renseigna sasuke.

le dernier uchiha baissa lentement le regard.