en les hauteurs du pays du feu, les températures commençaient à se faire basses. d’entre leurs lèvres, c’était de la fumée qui s’échappait. une fumée qui se confondait avec la brume, cet amas de fins cristaux de glace formés de particules lorsque l’air est devenu sursaturé par rapport à l’eau. c’était la brume qui réduisait leur visibilité. cependant, elle ne prétendait pas déranger le leader de taka qui savait précisément où il emmenait le petit dernier de l’organisation. la route était longue comme les escaliers semblaient interminables, mais cela donnait à leur chemin quelque chose de sacré, prodigué par les senteurs de la nature, ou encore son silence.
des érables majestueux se dressèrent des deux côtés du chemin, créant un tunnel naturel d'ombres et de lumières. quelques-unes de leurs feuilles tombées formèrent un tapis moelleux sous leurs pieds, produisant un doux bruit de froissement à chaque pas. de-ci, de là, les feuilles tourbillonnèrent dans le vent et donnant lieu à une danse colorée au-dessus de leur tignasse distraite.
au fur et à mesure qu’ils montèrent les marches, la vue panoramique sur les montagnes environnantes s'ouvre, révélant une mer de couleurs automnales à perte de vue. les montagnes sont parées de teintes rougeoyantes, et même dans la pénombre, sasuke parvenait à voir de ses yeux le contraste magnifiquement avec les couleurs chaudes de la forêt.
l'air, imprégné d'une odeur fraîche et boisée, voit son silence parfois rompu par le chant des oiseaux les entourant, cachés parmi les branches. la fraîcheur de l'automne dans l'air, sasuke avançait sans prêter la moindre importance au petit blond qui lui rappelait constamment cette autre personne. ce rêve qu’il avait tourné en cauchemar. au moment de relever la tête, il devinait konoha et son cœur se serrait. non, ce n’était pas réellement konoha, pourtant il avait besoin d’y croire. il se sentait redevable, comme il n’avait pu le prévenir de ne pas regarder la lune, de veiller sur ce village qui les avait fait se connaître, avoir un lien.
les liens…
des alliés, voilà ce qu’étaient devenus pour sasuke, ces nukenins qui avaient décidés de le suivre dans la réalisation de ses objectifs personnels. il se souvenait de cet ordre que leur avait donné l’akatsuki ; récupérer gyûki, le démon à huit queues. il s’était livré à un combat contre killer bee duquel il aurait pu y passer. ce jour-là, il s’en souvenait encore. le combat avait pris une ampleur qu’il ne s’imaginait pas. à cet instant, au bord de son dernier souffle, il avait pris conscience de la valeur des relations, imaginant ces déserteurs devenir semblables à l’équipe sept. ils l'avaient sauvé de la mort, à de nombreuses reprises, et même si incertaine, ils lui accordaient toujours une confiance et fidélité profonde. alors, en récupérant miyako et ryuu, il espérait qu’ils trouvent, eux aussi, leur place au sein de cette sorte de famille que sasuke avait reconstitué.
les enjeux n’étaient plus réellement les mêmes. taka devait s’agrandir. cette fois, sasuke avait de réels objectifs portés vers le monde shinobi. la paix. il l’obtiendrait aussi, mais différemment. il dépasserait itachi, devancerait madara, montrerait à naruto de quoi il est capable dans ce monde d’illusions qu’il annihilerait, lui. pourquoi faire ? ce village le voulait mort ou enfermé, de toute évidence. sasuke s’était arrêté pour contempler konoha. un moment d’absence. en quoi naruto ferait un meilleur hokage ?
il suffit d’une seule chose, sasuke, savoir qui tu es vraiment et ce que tu veux.
une feuille. il s’empara d’une feuille qui voletait devant son visage. il resta un moment à la contempler, puis elle lui échappa aussitôt d’entre ses doigts. ses yeux traquèrent son envole avant que le blond à ses devants ne lui rappelle la brute réalité. ils devaient regagner le repaire. au plus vite. ils avaient parcouru une grande distance et la seule chose que souhaitait sasuke, à ce moment, était de trouver le sommeil. fort heureusement, ryuu le tenait bien éveillé. le nukenin ne comprenait ni son obsession pour ce qui avait attrait au brillant, encore moins son comportement alors qu’ils étaient supposés avoir le même âge. pour autant, sasuke avait perçu en lui un avantage considérable, en plus de lui faire ressemble à cet autre. cet autre… son choix de l’emmener avec lui jusqu’à taka le confortait. il considérait qu’il y aurait de sacré effort à faire concernant son développement, mais ça lui semblait plutôt familier, pas insurmontable. au pire, les autres s’y feraient. il ne se faisait pas de doutes là-dessus. ce blond avait tout son respect.

quelque part…
sasuke aussi, appréciait toutes les lumières scintillantes d’une konoha à perte de vue.

— si tu veux continuer de voir les éclats de ce monde et survivre, entraîne-toi dur et dépasse les voix dans ta tête.


au cœur des montagnes à la pointe enneigées qui dominent fièrement les villages du pays du feu, une maison japonaise traditionnelle et majestueuse se dressait, telle une sentinelle solitaire. ils passèrent sous le torii qui annonçait leur arrivé vers le lieu-dit. contre son dos, sasuke avait finalement porté ryuu dont les jambes s’étaient mises à défaillir sur les derniers efforts. tout en le reposant à terre, il lui semblait que le blond souriait en découvrant son nouveau chez soi.
le salon, un sanctuaire de beauté et de sérénité, est la pièce maîtresse de cette maison. des traînées de brume légère s'insinuèrent silencieusement de toute part. ses murs en bois neuf racontèrent des histoires nouvelles, tandis que des touches de modernité s'immiscent subtilement, créant un contraste enchanteur. des panneaux en bois traditionnels japonais, délicatement sculptés, abritèrent de grandes baies vitrées qui offrent une vue panoramique sur le monde shinobi, notamment sur konoha.
au milieu de la pièce, une table basse en bois poli trône sur un tapis en tatamis, invitante et chaleureuse. des coussins moelleux disposés en demi-cercle, où l'on peut s'asseoir en tailleur, attendirent patiemment d'accueillir leurs conviés. la couleur des coussins et des tapis est un mélange harmonieux de nuances de rouge, de bruns et de dorés, créant une atmosphère riche et apaisante. des lanternes en papier japonais pendirent du plafond, projetant des ombres dansantes sur les murs en bois. l'air est empli d'une senteur presque envoûtante, semblable à celle d'un feu de bois qui crépite doucement. des bougies parfumées, disposées avec élégance dans chaque coin de la pièce, diffusèrent des arômes envoûtants de bois et de jasmin, insufflant une touche ésotérique à l'atmosphère.

c’était la première fois que taka avait leur propre repère. sasuke était attaché à avoir un regard sur son village d’origine. quelque part, il avait envie d’y retourner, retrouver son frère et partager des moments heureux. cette pensée n’avait cessé de le suivre, avec celle de retrouver l’équipe sept, alors que ses pensées noires emportèrent ses désirs les plus enfouis d’une déflagration soudaine. il voulait prouver à taka que ses intentions étaient portés à ses coéquipiers, qu’il considérait comme une famille. sasuke voyait ce repère plus comme un foyer symbolique qui pourrait les rapprocher en tant qu'unité et renforcer leur confiance les uns envers les autres. c'était ce qu'il désirait. peut-être que ce lieu finirait par disparaître un jour, mais cela lui importait peu. ce qui comptait, c'était de retrouver cette chaleur familiale qu'il avait connue autrefois, qu’il s’était imaginé les jours dernier au coin du feu…

un grognement. ryuu s’était immiscé entre ses draps. auparavant, il ne l’aurait pas permis et l’aurait expulsé de sa chambre. toutefois, sasuke était épuisé par le voyage qu’ils venaient de mener, autant que par les récents événements qui s’étaient passés pour lui. en effet, il avait trouvé karin sur le champ de bataille en piteux état, imaginé l’existence de naruto, tombé nez à nez avec l’ermite aux crapauds, suivit de nara shikamaru, porteur de l’alliance shinobi. puis… il avait trouvé le sommeil, bercé à l’eau de la cascade à la vallée de la fin, lui valant la mort de uzumaki kushina et la destruction du rêve heureux de naruto. la démence soutenait son cœur. la haine circulait en lui comme un poison dont il souhaitait se défaire avant qu’il ne tue à un point de non-retour, ses sentiments et son amour profond. alors, il laissait volontiers ryuu dormir à côté de lui pour s’assurer de constamment avoir une lueur de chaleur à proximité qui puisse l’aider à ne pas entièrement sombrer.
ce n’est …pas possible…ce n’est pas toi !
les paroles de naruto hurlaient à l'extérieur de sasuke, alors qu'il entr’ouvrit ses yeux en amande d’une nuit écourtée à cause de ses pensées qui le rongeaient jusqu’à la moelle. il avait volontairement mis fin à la vie de sa mère, juste en face de lui, dans un ultime effort pour le ramener à la réalité. pouvait-il s’en vouloir, de ne pas avoir été lui-même, à ce moment-là ? assis sagement au rebord du lit, ses doigts se refermèrent, abrupt, contre les draps blancs. son visage était baissé, il n’arrivait même pas à sentir de larmes border ses yeux tant le traumatisme le tétanisait. les ombres de sa douleur semblaient s'étendre à l'infini.





dans quel état avait-il laissé son ami ? 
brisé,
trahis,
laissé esseulé à l'intérieur d'un cauchemar fait de cristaux teintés  
par la haine…





taka, son équipe loyale, l'avait épaulé dans ces aventures de vengeance, mais depuis quelques mois, une aura lugubre avait envahi sasuke. obito avait manipulé son esprit, semant les graines de la folie dans son âme déjà tourmentée. sasuke était devenu mutique, distant, presque insensible. les rires et les discussions de ses coéquipiers étaient devenus des murmures lointains, à peine audibles à travers la chape de glace qui avait enveloppé son cœur. il était comme une étoile déchue, une étoile qui avait perdu son éclat.

des cheveux d'ébène, noirs comme la nuit, formée en une cascade sombre et épaisse qui encadrait son visage. loin d’être parfait, au contraire, en désordre, comme une forêt dense et mystérieuse. les épis de cheveux d'un noir profond semblaient sauvages et rebelles. ils créaient une texture fascinante, donnant l'impression que chaque mèche se révoltait. le contraste entre la noirceur de ses cheveux et la pâleur de sa peau accentuait leur aspect ébouriffé. son visage n’avait jamais été ainsi, marqué par une mutité glaçante. ses yeux, autrefois si vifs et pénétrants, semblaient aujourd'hui être des miroirs vides sur un monde intérieur obscur. son regard, normalement empli de détermination et de concentration, était maintenant perdu, semblant fixer un horizon invisible. il se moquait bien que ryuu porte ses mains sur miyako, qu’elle panique à nouveau ou que suigetsu vienne contre son gré, l’approcher au point de les croire entiché l’un de l’autre. ses traits, autrefois définis, semblaient maintenant émaciés par les souffrances qu’il avait causé, celles qu’il subissait, et celles à venir. les lignes de son visage, dures et déterminées, s'étaient estompées pour laisser place à une expression de néant. les coins de ses lèvres étaient tirés vers le bas, dans une grimace de mélancolie et d'absence totale.
enfin, il osait montrer le bout de son nez. ses doigts fins s’étaient délicatement apposés à l’encadrement du porche qui séparait les chambres du salon. tout en demeurant un pantin de beauté ténébreuse, le visage de sasuke était désormais un reflet de son isolement et de son obscurité intérieure, témoignant de la douleur profonde qui le tourmentait et le rendait étranger au monde qui l'entourait. il n’avait aucun regard pour eux. il se détacha lentement de l'unité taka, ses coéquipiers semblant à des kilomètres de distance malgré leur proximité physique. ses pas silencieux le menèrent aux grandes fenêtres vitrées du salon, où il pouvait contempler le monde shinobi tout en restant isolé dans ses pensées.
devant sa silhouette frêle et apathique, le paysage de konoha s'étendait à perte de vue. la vue panoramique du village qu'il avait autrefois appelée "maison" lui rappelait douloureusement les souvenirs de son frère bien-aimé, itachi, et les choix tumultueux qui avaient marqué son parcours.
nii san… pourquoi n’as-tu pas voulu me dire… ce qu’ils te veulent, aeh ?
les nuits où il avait confronté son propre frère, les mots prononcés dans la douleur et la colère, tout cela refaisait surface dans son esprit torturé. il se perdait dans les souvenirs de son passé, se demandant si ses choix avaient été justes ou s'ils l'avaient mené sur une voie de ténèbres inévitable. il se demandait ce qu’il se serait passé, dans le cas où il aurait réussi à protéger l’équipe sept du mugen tsukuyomi, donc échapper à l’emprise d’obito. il aspirait à une révolution qui transformerait le monde shinobi en une ère de paix véritable, reléguant au passé l'ère shinobi et toutes les ignobles intrigues politiques qu'elle engendrait. la solitude de sa méditation devant la nature des montagnes reflétait l'isolement intérieur qui l'habitait, alors qu'il cherchait désespérément un sens à tout ce qu'il avait perdu et aux choix qui le hantaient. cette même paix qu’il avait scandée à itachi, d’une rage telle qu’elle s’apparentait presque au détenteur de ce monde bercé de rêves et d’illusions. ce n’était pas vrai, il n’était pas madara.

avec une silhouette d'une délicatesse insoupçonnée, sasuke se tourna lentement vers eux. son kimono blanc cassé, échancré, laissait entrevoir subtilement son épaule, tandis qu'il adoptait une posture de trois-quarts face à eux. dans un geste empreint de douceur, il laissa son regard se dévoiler, la fleur de son mangekyou sharingan s'anima avec grâce.

— assez causé, prévint-il. regardez moi dans les yeux.